La décision présidentielle de dissoudre l’Assemblée nationale et de convoquer les électeurs à la veille des vacances d’été pour élire de nouveaux députés nous a tous sidérés. Dans la halle de La Conterie qui héberge les bureaux de vote, nous en étions au décompte définitif des voix lorsque cette nouvelle nous est arrivée... Improbable ! Comme des millions de citoyens attachés à la République et ses valeurs humanistes, nous avons eu ce sentiment d’entrer en "terres inconnues"... Certes, nous pressentions déjà que les premiers résultats estimés à l’échelle nationale justifiaient une probable déclaration solennelle et grave du Président de la République. Elle le fut bien au-delà de nos suppositions… Convenons qu’il n’est pas utile d’en ajouter au déluge des déclarations et articles de presse, parfaitement justifiés.
Je souhaite toutefois exprimer un point de vue partagé par la très large majorité des 34 000 maires de France et ce bien avant les actuels évènements électoraux. La commune : c’est le plus vieil échelon territorial de la République. Ces dix dernières années, tous les gouvernements successifs ont enchaîné des réformes qui l'ont privée de compétences au profit de supra-communalités. Celles-ci sont perçues comme un échelon administratif éloigné des habitants avant d’être un espace concret et légitime. Or, tout ce qui concourt à éloigner les lieux de décisions des habitants affaiblit la commune et, in fine, le lien démocratique.
Faits sans précédent depuis les années 1980, privés de moyens techniques et financiers, les élus municipaux n’ont plus de capacités opérationnelles pour conduire des politiques d’accompagnement social. C’est également vrai pour la prise en main des projets d’accueil et de soutien à l’économie de proximité comme industrielle, toutes pourvoyeuses d’activités et d’emplois durables. Hélas, nous sommes très loin du compte…
Une telle réalité n’est pas sans lien avec tous les événements subis ; qu’il s’agisse des manipulations, des violences, du complotisme et d’accusations honteuses parce que mensongères. Ce sont des comportements affligeants auxquels tous les élus locaux de France sont confrontés. Ici même, rien ne nous a été épargné. Toutefois, sachez qu’aucun délit, qu’aucune accusation ne sont laissés de côté et nous veillons scrupuleusement à ce que la Justice assure ses missions jusqu’à son terme.
Convenons-en tous, de tels évènements et troubles ne peuvent qu’inciter au vote en direction de partis démagogues et populistes. Les problèmes bien réels sur lesquels se fonde leur succès (pouvoir d’achat, logement, accès aux soins...) appellent d’autres réponses que des solutions simplistes. En ces heures, il n’est pas encore trop tard pour nous mobiliser et appeler au vote en faveur de candidats députés qui adhèrent à l’esprit républicain, au respect d’autrui, quelle que soit son origine ; des candidats qui prônent la non-violence et adhèrent aux principes fondateurs de la Déclaration universelle des droits de l’Homme. Toute incitation à la haine, au racisme et à la xénophobie ne conduira qu’à la destruction de notre patrimoine républicain, empreint d’humanisme.
Philippe Bonnin
Maire de Chartres de Bretagne
Le 24 juin 2024