dimanche 7 juillet 2019

Préoccupations pour l'emploi industriel

Les crises industrielles occupent sans le moindre répit médiatique l’actualité nationale. Grandrange-Mittal, Ascoval-Vallourec, PSA-Aulnay, GM&S, Doux en Bretagne, Ford Blanquefort, Goodyear, Whirlpool ou encore Alstom-General-Electric sont autant d’exemples emblématiques de la désindustrialisation sans égal du pays.
En termes statistiques, nous savons que l’emploi industriel induit trois emplois directs en proximité dans nos bassins de vie. Ainsi, plus que toute autre activité, les secteurs productifs créent de la valeur qui se redistribue localement par les rémunérations, la fiscalité et bien sûr l’investissement.
En ce qui concerne l’investissement, c’est évidemment selon les choix de l’industriel : conforter la compétitivité et l’emploi sur place, ou bien délocaliser … ce qui signifie bien souvent encore : tirer parti d’avantages sociaux, sanitaires et environnementaux dans nombre de pays fort peu scrupuleux des droits humains et du développement durable. En outre, prenons bien garde que les démantèlements industriels ne soient pas comptabilisés en investissements ; en quelque sorte, c’est un coût.
Avec moins d’activités productives, convenons en, une économie peut s’avérer dynamique. Par contre, dans un tel cas, les besoins les plus indispensables en produits manufacturés, comme de consommation courante (dont l’alimentaire !) sont achetés à l’extérieur. Le risque est alors d’entrer dans la redoutable spirale des déficits commerciaux ([1]) compensés par toujours plus de dette. Nous sortons des principes fondamentaux qui concourent à l’élaboration des théories de l’équilibre général des termes de l’échange.
En ce début d’été, on nous annonce que la dette publique atteint 100 % ([2]) de la richesse créée (PIB) sur une année en France. Voici 10 ans, juste après l’envolée de l’économie numérique et l’euphorie immobilière, principalement Nord américaine, ce fut le choc de la plus grande crise de la dette privée que nous ayons connu depuis la seconde guerre mondiale. L’industrie automobile, de l’Europe aux États Unis était à l’arrêt, comme d’ailleurs les usines de Chartres de Bretagne. De son côté, Schneider reportait son projet local de transfert du centre de la commune à la nouvelle zone d’activités de la Conterie. Autour de nous : en Bretagne et Pays de Loire, le secteur agroalimentaire entrait dans une période de doutes, suivis de dépôts de bilans. En 10 ans, de 2008 à 2018, l’Ille et Vilaine a accusé un solde négatif de 14 000 emplois industriels. Fin 2018, ils étaient 56 700 sur un total de 447 000 emplois privés et publics ([3]).
Durant les années 2012 - 2015, Nombre d'entre nous se souviennent encore des risques de fermeture qui pesaient sur les établissements PSA de la commune. Les effectifs sont ainsi passés de 12 000 ([4]) en 2006 à 3 400 ([5]) aujourd’hui ...
Au-delà de notre mobilisation lors de la crise en 2012, nous sommes de nouveau confrontés aux craintes tant redoutées de nouvelles ruptures dans un contexte européen aussi tendu que durant années 2008 - 2015.
Justement, depuis 2015 la diversification / réindustrialisation du site de La Janais à Chartres marque le pas. L’État est bien moins proactif qu’il le fut à ce sujet, alors que les plans sociaux subis ici même ont été autrement plus importants que ceux des entreprises dont nous parlions au début de cet article. Les chiffres parlent d’eux-mêmes !
Force est de constater que les collectivités dites compétentes en matière économique n’ont pas été au rendez-vous. Leur implication a été bien plus cosmétique que stratégique. Une modeste satisfaction tout de même : à notre échelle, nous avons crée 1 000 emplois sur le site de La Conterie. Ce sont des sujets dont nous aurons à reparler très vite.
                                                        Le 5 juillet,                Philippe Bonnin

([1]) Le déficit du commerce extérieur
([2]) 2 358,9 milliards d'euros, soit 99,6% du Produit Intérieur Brut (PIB) ou Richesse Nationale annuelle créée.
([3]) Données INSEE.
([4]) Données communiquées à l’époque pour les reversements de taxe professionnelle aux communes.
([5]) Ouest France, le 19 juin 2019