Les
crises industrielles occupent sans le moindre répit médiatique l’actualité
nationale. Grandrange-Mittal, Ascoval-Vallourec, PSA-Aulnay, GM&S,
Doux en Bretagne, Ford Blanquefort, Goodyear, Whirlpool ou encore Alstom-General-Electric
sont autant d’exemples emblématiques de la désindustrialisation sans égal du
pays.
En
termes statistiques, nous savons que l’emploi industriel induit trois emplois
directs en proximité dans nos bassins de vie. Ainsi, plus que toute autre activité,
les secteurs productifs créent de la valeur qui se redistribue localement par
les rémunérations, la fiscalité et bien sûr l’investissement.
En
ce qui concerne l’investissement, c’est évidemment selon les choix de l’industriel :
conforter la compétitivité et l’emploi sur place, ou bien délocaliser … ce
qui signifie bien souvent encore : tirer parti d’avantages sociaux,
sanitaires et environnementaux dans nombre de pays fort peu scrupuleux des
droits humains et du développement durable. En outre, prenons bien garde que les
démantèlements industriels ne soient pas comptabilisés en investissements ;
en quelque sorte, c’est un coût.
Avec
moins d’activités productives, convenons en, une économie peut s’avérer
dynamique. Par contre, dans un tel cas, les besoins les plus indispensables en produits
manufacturés, comme de consommation courante (dont l’alimentaire !) sont
achetés à l’extérieur. Le risque est alors d’entrer dans la redoutable spirale
des déficits commerciaux ([1]) compensés par toujours
plus de dette. Nous sortons des principes fondamentaux qui concourent à l’élaboration
des théories de l’équilibre général des termes de l’échange.
En
ce début d’été, on nous annonce que la dette publique atteint 100 % ([2]) de la richesse créée
(PIB) sur une année en France. Voici 10 ans, juste après l’envolée de
l’économie numérique et l’euphorie immobilière, principalement Nord américaine,
ce fut le choc de la plus grande crise de la dette privée que nous ayons connu
depuis la seconde guerre mondiale. L’industrie automobile, de l’Europe aux
États Unis était à l’arrêt, comme d’ailleurs les usines de Chartres de
Bretagne. De son côté, Schneider reportait son projet local de transfert du
centre de la commune à la nouvelle zone d’activités de la Conterie. Autour de
nous : en Bretagne et Pays de Loire, le secteur agroalimentaire entrait
dans une période de doutes, suivis de dépôts de bilans. En 10 ans, de 2008 à
2018, l’Ille et Vilaine a accusé un solde négatif de 14 000 emplois
industriels. Fin 2018, ils étaient 56 700 sur un total de 447 000
emplois privés et publics ([3]).
Durant
les années 2012 - 2015, Nombre d'entre nous se souviennent encore des risques de
fermeture qui pesaient sur les établissements PSA de la commune. Les effectifs
sont ainsi passés de 12 000 ([4]) en 2006 à 3 400 ([5]) aujourd’hui ...
Au-delà
de notre mobilisation lors de la crise en 2012, nous sommes de nouveau
confrontés aux craintes tant redoutées de nouvelles ruptures dans un contexte
européen aussi tendu que durant années 2008 - 2015.
Justement, depuis
2015 la diversification / réindustrialisation du site de La Janais à
Chartres marque le pas. L’État est bien moins proactif qu’il le fut à ce sujet,
alors que les plans sociaux subis ici même ont été autrement plus importants
que ceux des entreprises dont nous parlions au début de cet article. Les
chiffres parlent d’eux-mêmes !
Force
est de constater que les collectivités dites compétentes en matière économique
n’ont pas été au rendez-vous. Leur implication a été bien plus cosmétique que
stratégique. Une modeste satisfaction tout de même : à notre échelle, nous
avons crée 1 000 emplois sur le site de La Conterie. Ce sont des sujets
dont nous aurons à reparler très vite.
Le 5 juillet, Philippe
Bonnin