Comme chaque année, avec les mois d’octobre et novembre, la
mobilisation en faveur des personnes les plus éloignées de l’emploi et
de toute forme d’insertion s’organise. Collecte nationale des banques
alimentaires, journée mondiale du refus de la misère, appels aux dons
pour les grandes institutions d’aide sociale et de secours, … Ce sont
autant d’initiatives qui méritent plus que notre simple attention. En ce
qui concerne la Commune dont je suis le Maire, Chartres de Bretagne,
notre engagement est l’un des plus forts de toutes les collectivités.
Nous continuerons ainsi. Si la pauvreté avait reculé en France lors de
la période 70 – 2000, elle croît de nouveau depuis 10 ans. Selon
l’Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques (Insee ; août 2011), la France compte aujourd’hui 8,2 millions de « personnes pauvres », soit 13,5% de sa population totale.
Chaque
français concerné vit avec 950 € par mois tout au plus. 4,5 millions
d’entre eux ne disposent que de 450 € mensuels et moins. La pauvreté
d’aujourd’hui est plus urbaine et touche particulièrement les jeunes.
C’est la raison pour laquelle notre mobilisation se doit d’être au
rendez-vous. Il faut enfin changer l’horizon de toutes celles et ceux
qui n’ont aucun espoir pour construire leur avenir.
En 1998, les 10% les plus riches gagnaient 3 500 € et plus par mois. En 2008, ils disposaient au moins de 4 500 € (par mois), soit une progression de 28,6% ... Pendant le même temps, le revenu des 10% les plus pauvres passaient de 590 € (en 1998) à 670 € mensuels (en 2008), soit une évolution de 13,5 %. (Tous ces chiffres sont fournis par l’INSEE). En réalité, cette dernière progression n’a fait que compenser l’augmentation du coût de la vie.
La
conclusion est très simple : l’écart de richesse n’en finit pas de se
creuser. Les inégalités sont de plus en plus visibles et rien ne
contribue à inverser la tendance.
Alors que l’économie
donne en ces heures de graves signes d’essoufflement, des voix
commencent à se faire entendre pour « repenser le modèle ». Au nom d’un
minimum de justice sociale, il est normal que l’écart des revenus reste
contraint dans des proportions raisonnables. C’est une question de
morale, même plus : d’éthique sociale. Une réorganisation intelligente
de la politique fiscale peut certainement contribuer à corriger ces
inégalités. Mais la vraie solution, c’est bien de changer le modèle
économique. Aborder un tel sujet est aujourd’hui totalement justifié
quand on voit poindre le retour d’un nouveau cycle de récession.
Parmi les 100 premières puissances économiques mondiales, il y a 49 états seulement … et surtout : 51 entreprises.
Fin
2010, la revue Française de Gestion a publié un article sous le titre
« Entreprises et pauvretés ». Il dénonce l’initiative d’entreprises qui
engendrent des processus de paupérisation par le crédit ou l’épuisement
de ressources naturelles. Dans ces conditions, comment ne pas y déceler
la très grande probabilité que la future gouvernance mondiale ne sera
plus politique et encore moins démocratique. Une telle organisation ne
peut aboutir qu’à exclure les plus fragiles certes, mais également des
nations entières dont le déclin s’accentue jour après jour. La France
appartient à celle-ci.
Sans restaurer le rôle de la puissance
publique démocratiquement élue, dans la régulation économique et par
conséquent sociale, les républiques n’ont plus d’avenir. Avec un tel
Monde futur, la pauvreté est un mal dont personne n’est préservé.
Philippe Bonnin