« Quand tu dis la vérité, tu ne fais jamais d’erreur » (Sophocle ; 495 – 406 Av. J. C.)
A moins d’une semaine du second tour des présidentielles, la crispation politique est à son comble. Contrairement au 1er mai de 2002, l’heure n’est manifestement plus au rassemblement des démocrates, des républicains, des défenseurs de la paix et de la fraternité.
Après des années de
crise sociale et par voie de conséquence politique, la débâcle des élites est totale.
On ne compte plus les victimes de la guerre des égos. Totalement médusés, nous
assistons maintenant à l’instrumentalisation de faits et symboles emblématiques
de la déstructuration de l’économie et de l’emploi depuis une décennie …
En serions-nous revenus aux symptômes la grande dépression de 1929, avec tous
les enchaînements tragiques d’évènements que nos aïeux ont endurés ? A ce
propos, je m’interdirai d’aborder les faits électoraux de 1933 outre Rhin.
De par mes lieux
d’enfance, je suis encore marqué par la découverte de ces sinistres endroits où
la pire des barbaries humaines s’était déchaînée ; comme tant d’autres
fois dans l’histoire française, européenne et mondiale. J’en ai compris la
leçon ; j’en rejette toute utilisation, toute exploitation. Ces plaies
nous imposent l’humilité, le respect et le silence. Enfin, je tiens à rappeler
que ma conscience m’interdit d’adhérer à toute idéologie qui ne respecte pas
chaque être humain, quelque soit son origine sociale ou géographique, sa
culture ou sa race.
1er mai 2017
La présidentielle, comme
les prochaines législatives ne nous autorisent pas à mettre de côté la crise
des délocalisations, des cessations d’activités des PME et maintenant de
chaînes commerciales de prêt à porter ... On a beaucoup parlé du travail
dissimulé et des salariés détachés. Mais n’oublions jamais que les
délocalisations ne sont qu’une autre variante pour tirer le meilleur avantage
du travail à bas coût. Plutôt que faire venir les salariés par filières
organisées, on déplace des entreprises ! Ce qu’ont fait les constructeurs
automobiles français. Comme pour Florange en son temps, nous assistons ces
derniers jours à l’instrumentalisation médiatique de la détresse des ouvriers
de Whirlpool par les deux finalistes de l’élection. C’est consternant ;
comme tant d’autres faits en ces heures graves.
Pour l’emploi,
l’agriculture, l’industrie et toute l’économie nous attendons des propositions
construites ; sérieuses ! Nous-nous sommes mis au travail depuis des
mois et nous avons un projet avec des engagements concrets, tenables et justes
pour les salariés ; pour ceux qui ne peuvent plus vivre décemment de leur
emploi.
La crise industrielle
touche nos territoires … Depuis 10 ans, l’industrie automobile des pays de
Vilaine souffre de la réduction drastique de ses capacités de production et par
conséquent du recul massif des effectifs employés. Nous ne comptons plus les
fermetures d’entreprises sous-traitantes et de services à l’industrie.
Le nombre d’emplois
productifs s’effondre et les situations de précarité explosent. Sous la menace
constante des fermetures, puis des licenciements, les conditions de travail se
dégradent. Le climat social n’en est que plus tendu. Ces menaces n’épargnent
personne ; Toutes nos familles sont concernées.
En France, depuis
janvier 2017, 41 000 actifs à temps partiel ou d’intérim ont rejoint
l’effectif des personnes sans emplois. Durant ce quinquennat, on aura
enregistré 580 000 chômeurs supplémentaires. Si nous additionnons les
740 000 du précédent, le Pays aura connu 1,3 million chômeurs supplémentaires
en 10 ans ! … Où est donc le vrai problème ? L’heure est-elle
encore aux débats et controverses entre nos chers conjoncturistes à propos des
promesses d’embauche ou sur les possibles signes annonciateurs du bout du
tunnel ? Y a-t-il encore de bonnes raisons pour garder le moral avec ce nouveau
code du travail que d’aucun assure « prometteur » ; annonciateur
d’une croissance retrouvée ! Évidemment, tous les indicateurs ne vont pas tous
dans le même sens …
L’urgence est grande.
J’appelle les femmes et les hommes de nos territoires, à se mobiliser et à
marcher ensemble dans un esprit de solidarité et de fraternité lors de la
traditionnelle manifestation du 1er mai 2017. Soutenons tous ceux
qui agissent pour la sauvegarde de l’emploi, la protection des salariés, le
respect des conditions de travail, comme des droits collectifs dans les secteurs
publics et privés ; soutenons tous ceux qui agissent contre « l’ubérisation »
des métiers et plus globalement de la société.
Que ce 1er
mai 2017 soit également une journée d’expression éclatante pour une société
plus juste ; pour rappeler notre attachement aux valeurs de liberté,
d’égalité, de fraternité et de solidarité. Un seul mot d’ordre : La
démocratie avec un travail digne pour tous.
Philippe Bonnin