Depuis quelques décennies, le monde a
pris conscience que la plupart des ressources et matières premières sont
épuisables. Pourtant, elles restent massivement utilisées et très peu recyclées
tout en restant incontournables dans la production industrielle, l’agriculture,
les services, les transports et tant d’autres activités. Or, les procédés de
tri des déchets ne permettent souvent qu’un recyclage limité. De surcroît, les
traitements actuels génèrent pour certains des rejets dont la toxicité est au
cœur des préoccupations sanitaires.
Ce qu’on peut appeler
« l'économie linéaire » par opposition à « circulaire »
atteint fatalement ses limites. Par nécessité, elle sera progressivement
substituée par cette économie circulaire qui valorise les ressources pour mieux
recycler les matériaux et tendre vers le « zéro déchet ».
Plusieurs pistes sont actuellement
expérimentées:
- l'éco-conception : l’intégralité des composants des produits est réutilisable. Aux Pays Bas, DESSO conçoit des moquettes dont les constituants seront récupérés à 100 % pour être réintroduits dans un nouveau revêtement ou autres produits.De même, les bâtiments du parc économique 20/20 à Amsterdam, sont conçus comme des « banques de matériaux » 100% réutilisables,
- d'autres entreprises« résilientes » remplacent les composants à risque environnemental par des substances renouvelables, sans impact écologique. Ainsi RAINETT, fabrique des produits d’entretien où l'huile de palme est remplacée par des résidus d'huile d'olive.
- Enfin, PHILIPS explore la location de lumière en substitution de la vente d’ampoules pour s’assurer du retour en usine de la matière première.
Qu'en est-il en de l'Economie
Circulaire en France ?
La France n'est pas restée inerte.
Elle a récemment contribué à la création de l'institut de l'économie circulaire
dont la vocation est de mobiliser les collectivités. Ce n'est pas encore à la
hauteur des enjeux, tant notre pays dispose d’atouts tels que des matières
premières cultivables et marines (lin et algues par exemple).
Si des alternatives à l’économie
gaspilleuse ou linéaire ne sont pas très vite engagées, le risque est d'aller
« au bout du bout » de la ressource ; à l'instar du sable
coquillier ou de l’extraction de minéraux. La destruction de l’environnement en
sera d’autant plus irréversible.
Cette question des ressources rares
est des plus stratégiques. Depuis 2010 la Chine a pris des initiatives qui
relèvent du concept de l'économie circulaire :
- garder les matières premières rares, présentes dans le sous-sol chinois
- racheter les matières recyclables issues des produits qu'ils nous ont vendus (50% du papier recyclé breton)
- investir dans le foncier agricole ou des entreprises agroalimentaires pour disposer des ressources nutritionnelles vitales
- acheter des produits stratégiques d’avenir. 80 % du lin normand s’exporte en Chine.
Comment dès lors gérer cette question
d'un point de vue plus collectif ? Les Régions, chefs de file de l'économie ne
devraient-elles pas inciter à la création de banques de matériaux issus des
denrées recyclées ? et soutenir des fonds d’investissements pour
développer ces politiques ; ou co-financer la recherche sur les matériaux
renouvelables?
Il nous appartient d'être précurseurs
dans l’économie circulaire pour tirer nos territoires vers un nouvel avenir.
Philippe Bonnin, Maire de Chartres de Bretagne.
Daniel Cueff, Maire de Langouet, ancien conseiller régional
délégué à l'écologie urbaine.