jeudi 9 février 2017

L'économie circulaire. Nécessité écologique; opportunités économiques locales.

"L'économie circulaire" est un concept qui suscite l’engouement des acteurs du développement durable.
Depuis quelques décennies, le monde a pris conscience que la plupart des ressources et matières premières sont épuisables. Pourtant, elles restent massivement utilisées et très peu recyclées tout en restant incontournables dans la production industrielle, l’agriculture, les services, les transports et tant d’autres activités. Or, les procédés de tri des déchets ne permettent souvent qu’un recyclage limité. De surcroît, les traitements actuels génèrent pour certains des rejets dont la toxicité est au cœur des préoccupations sanitaires.
Ce qu’on peut appeler « l'économie linéaire » par opposition à « circulaire » atteint fatalement ses limites. Par nécessité, elle sera progressivement substituée par cette économie circulaire qui valorise les ressources pour mieux recycler les matériaux et tendre vers le « zéro déchet ».
Plusieurs pistes sont actuellement expérimentées:
  • l'éco-conception : l’intégralité des composants des produits est réutilisable. Aux Pays Bas, DESSO conçoit des moquettes dont les constituants seront récupérés à 100 % pour être réintroduits dans un nouveau revêtement ou autres produits.De même, les bâtiments du parc économique 20/20 à Amsterdam, sont conçus comme des « banques de matériaux » 100% réutilisables,
  • d'autres entreprises« résilientes » remplacent les composants à risque environnemental par des substances renouvelables, sans impact écologique. Ainsi RAINETT, fabrique des produits d’entretien où l'huile de palme est remplacée par des résidus d'huile d'olive.
  • Enfin, PHILIPS explore la location de lumière en substitution de la vente d’ampoules pour s’assurer du retour en usine de la matière première.
Qu'en est-il en de l'Economie Circulaire en France ?
La France n'est pas restée inerte. Elle a récemment contribué à la création de l'institut de l'économie circulaire dont la vocation est de mobiliser les collectivités. Ce n'est pas encore à la hauteur des enjeux, tant notre pays dispose d’atouts tels que des matières premières cultivables et marines (lin et algues par exemple).
Si des alternatives à l’économie gaspilleuse ou linéaire ne sont pas très vite engagées, le risque est d'aller « au bout du bout » de la ressource ; à l'instar du sable coquillier ou de l’extraction de minéraux. La destruction de l’environnement en sera d’autant plus irréversible.
Cette question des ressources rares est des plus stratégiques. Depuis 2010 la Chine a pris des initiatives qui relèvent du concept de l'économie circulaire :
  •  garder les matières premières rares, présentes dans le sous-sol chinois
  • racheter les matières recyclables issues des produits qu'ils nous ont vendus (50% du papier recyclé breton)
  •  investir dans le foncier agricole ou des entreprises agroalimentaires pour disposer des ressources nutritionnelles vitales
  • acheter des produits stratégiques d’avenir. 80 % du lin normand s’exporte en Chine.
Comment dès lors gérer cette question d'un point de vue plus collectif ? Les Régions, chefs de file de l'économie ne devraient-elles pas inciter à la création de banques de matériaux issus des denrées recyclées ? et soutenir des fonds d’investissements pour développer ces politiques ; ou co-financer la recherche sur les matériaux renouvelables?
Il nous appartient d'être précurseurs dans l’économie circulaire pour tirer nos territoires vers un nouvel avenir.
                            Philippe Bonnin, Maire de Chartres de Bretagne.
                            Daniel Cueff, Maire de Langouet, ancien conseiller régional
                                                                              délégué à l'écologie urbaine.


      Lien de téléchargement       http://pdf.lu/YX2j