Il nous faut relever
ces défis pour que la politique reprenne enfin toute sa place dans une économie
déstabilisée par :
- les délocalisations industrielles,
- la précarité croissante pour les uns,
- l’affairisme planétaire pour seulement quelques autres,
- l’absence de stratégies publiques claires et responsables, comme de vision pertinente à long terme.
- Enrayer le déclin de nos territoires,
- promouvoir une véritable éthique environnementale qui soit bien autre chose que des discours de façade,
- défendre nos valeurs humanistes et la République,
tel doit-être le socle de notre engagement public.
L’économie, l’emploi,
les territoires et la société dans toutes ses dimensions d’origine, de cultures
et générationnelles, sont à la recherche de nouveaux équilibres. Certains de
ces équilibres sont justifiés de par les évolutions technologiques majeures et
positives ; d’autres résultent d’évènements et de changements dont nous
aurions pu très objectivement nous dispenser ; à condition cependant qu’un
minimum de clairvoyance eu été au pouvoir en France, mais également en Europe.
A l’analyse des
faits, quelle vision, quelle stratégie économique, géopolitique et sociale
pouvons-nous discerner dans le discours de ceux qui ont encore cette ambition
de gouverner le monde, le pays et nos territoires particulièrement riches de
tous leurs habitants ?
Pour s’en tenir à la
seule observation des faits médiatiques qui défilent sous nos yeux, comment se
fait-il que les élites gouvernent toujours plus par l’émotion que la raison, alors
même que nous serions dans une société prétendument évoluée ?
Démocratie, humanisme
Les changements opérés
sous l’emprise de l’émotion, de lobbies d’affaires indifférents aux valeurs de
la démocratie et de la justice seraient-ils devenus le nouveau signe de la
modernité ? Le changement peut-être salvateur, mais pourquoi ces gouvernants
ont-ils omis de l’inscrire dans une véritable perspective ; une vision qui
donne du sens à la construction d’un avenir démocratique et social pour les
peuples ? L’humanité dans sa globalité.
Oui le monde change.
Aussi, convient-il d’avancer en se posant les bonnes et vraies questions :
de quelles technologies, de quelles compétences et formations ; de quels
investissements et au-delà, de quelles régulations économiques, financières et
fiscales avons-nous besoin, de telle sorte que le monde évolue enfin dans le
sens de plus d’ouverture, de démocratie et d’humanisme ?
Pour redonner du sens
à la nécessité de relocaliser l’initiative économique dans les territoires, de
créer des emplois avec d’autres recettes que celles d’hier, les nouveaux
modèles savent-ils encore nous donner les bonnes solutions ?
Concrètement, notre première
réponse doit-être de savoir à quel type de société humaine nous adhérons et avec
quel environnement sur une planète devenue particulièrement fragile … déstabilisée.
Au XVIème
siècle de notre ère, le philosophe de la Renaissance, grand humaniste et homme
politique Thomas More interpellait déjà les élites de son temps pour fonder une
nouvelle utopie ; C'était une société de la responsabilité, de la conscience,
de la connaissance, de la raison, de l’ouverture et de la tolérance ; plus
juste et solidaire.
A la veille
d’échéances politiques aussi déterminantes qu’incertaines, ce sont bien les sujets
que nous sommes tous en droit d’appréhender à l’issue de ces huit dernières années
durant lesquelles les politiques de relance, de redéploiement économique et de l’emploi
ont été particulièrement décevantes. A Chartres de Bretagne, comme au Sud de la
Métropole et du Département d’Ille et Vilaine, nous savons tous ce que signifie
cette désindustrialisation accompagnée de l’augmentation de la précarité. Le
traitement social du chômage tourne à plein régime si j’ose dire, mais ce ne
doit être que dans l’attente de nouveaux projets. Nous y travaillons ;
nous avançons !
Politique et société
A l’orée de cette
nouvelle année, nous avons déjà quelques certitudes. Retenons et analysons pour
cela ces évènements quasi banalisés, survenus depuis la fin de 2015. Durant toute
cette période, des révoltes, des « frondes » se sont exprimées dans
les urnes des démocraties occidentales ; Ces vieux pays industriels, encore
qualifiés de régions-continents développés.
Jusqu’au XXème
siècle, nous étions au centre de tous les grands processus de décision, du développement
et de la croissance économique. Puis, nous avons vécu cette mondialisation-délocalisations
spéculative, fortement teintée de « moins disant social » et de
négligences environnementales de l’Amérique Latine à l’Asie. Elle a généré
l’accélération d’une globalisation effrénée des marchés des matières premières
alimentaires, puis des denrées minières et énergétiques. Pour finir, elle a
démultiplié cette globalisation des biens industriels, technologiques et
numériques. Tout ceci fut accompagné de bulles financières spéculatives à très
hauts risques … comme en 2008.
A propos de ces
phénomènes de mutations, traduits entre autres par leurs cohortes de déclassements,
le doute s’est propagé dans la plupart de nos territoires devenus bien moins
dynamiques qu’ils furent. Dans l’œil du cyclone, au centre de ces processus de
retournement économiques nous sommes maintenant confrontés à des mouvements en
forme de décomposition - recomposition sociale et par voie de
conséquence d’errements politiques inquiétants. Ce fut le cas de la France lors
des dernières élections régionales, de la Grande Bretagne avec son rejet
populaire de l’Europe, des Etats Unis avec l’élection d’un imprévisible homme
d’affaires ou encore de l’Italie qui a censuré par les urnes un gouvernement
dont tous louaient un certain sens de la modernité. Au gré de ces consultations
démocratiques successives et à l’aune de 2017, nous mesurons ainsi l’ampleur de
cette crise de confiance sans précédent qui prospère sur la vague des
populismes européens, comme outre atlantique.
En serions-nous revenus
aux années 30 ? Certes, le scénario n’est pas identique, tant sur le plan
historique que géographique. Mais nous sommes bien confrontés à ces mêmes climats
de crises politiques, diplomatiques, militaires et terroristes. Enfin,
n’oublions pas les crises migratoires et environnementales ; Tout est
devenu intimement lié.
Prenons donc garde de
faits qui à défaut de prendre des formes identiques se répètent et se
rapprochent dangereusement des mêmes idées populistes et propositions nauséeuses.
Gens de
pouvoir, citoyens.
Depuis les années 70,
nous évoluons dans un monde de schémas économiques, sociaux et d’affaires
imposés par une classe politique auto proclamée bien pensante, imperturbablement
sûre de son fait, considérée moderne par le verbe communicant, enfermée dans
ses schémas d’entre-soi de gens de pouvoir. Ils se sont tous construits dans
les mêmes écoles d’une République de classe ; sur le même schéma
intellectuel de la « pensée unique ».
Qu’avons-nous en face
de ce modèle d’organisation néolibérale monolithique qui a si bien su mettre à
terre le pourtant nécessaire rôle du politique ? Et bien, la révolte des classes
populaires, premières victimes du démantèlement d’anciens foyers industriels
des années 50 - 70. Ce sont des ouvriers, mais également dans nos campagnes
tous ces agriculteurs qui ont tant cru au progrès technique, de la biologie, de
la génétique et de l’agronomie au cours de toutes ces années 60 ; des
années façonnées par l’optimisme et la modernité technicienne. Nous en étions encore
à l’époque devenue quasi mythique des « trente glorieuses ».
Décontenancés par les
cessations d’activités de nos plus grands groupes, la chute des cours
agricoles, les reconversions périlleuses des petites entreprises, la précarité
de l’emploi, le chômage des générations en fin de parcours professionnel comme
des jeunes, le monde des périphéries vote aujourd’hui pour dénoncer cet ordre
établi que pérennise une classe dirigeante, convertie à l’exercice très anglo-saxon
du pouvoir. Un pouvoir qui depuis le XIXème siècle différencie,
sépare, discrimine entre la puissance des cités-métropoles et leurs périphéries
appauvries.
De progrès croyons-nous
parler à propos des gagnants de la mondialisation heureuse ? Et bien non,
nous en sommes plutôt revenus aux temps anciens d’avant les révolutions
préindustrielles.
Les pouvoirs sont
confisqués par cet entre-soi qui délégitime par la loi les élus communaux issus
du suffrage populaire. Ainsi, le déni démocratique n’a jamais été aussi
désolant dans notre République.
En retour, la France
d’en bas ne vote plus ou vote autrement ; elle « renverse la table »
et parie sur le plus incertain des populismes. Le débat est ouvert.
La commune
Avec vous
les acteurs de la vie locale, du monde des associations, de la vie éducative et
de la solidarité, ainsi qu’avec vous les porteurs de l’économie de toutes les
proximités, nous allons poursuivre le partenariat établi au moyen de nos missions
de service public qu’on nous accorde encore. Ensemble, il nous faut continuer à
avancer pour consolider et développer l’esprit de la cité, en coopération avec toutes
les communes proches. Celles avec lesquelles nous partageons le même sens du
service, de la culture des projets ambitieux pour le développement humain et le
développement durable.
Ensemble,
nous serons encore ces initiateurs, ces démonstrateurs de tout ce qui peut être
fait et que nul autre ne pourra proposer ou revendiquer à notre place ;
Place certes modeste mais essentielle pour garder et cultiver cet indispensable
lien qui unit le corps social de proximité.
Ensemble,
nous allons poursuivre dans cette même direction. Tenir ce cap ; et malgré
tant d’obstacles, il est pour nous un devoir évident que de continuer à agir
dans le but de donner du sens à l’action publique locale, au plus proche des
gens ; à leur écoute ainsi que pour revendiquer notre conception du
développement durable et de l’écocitoyenneté.
Nous allons
renforcer nos initiatives dans la maîtrise de l’énergie, du développement des
énergies vertes dont nous sommes dans cette agglomération les leaders
incontestés. Et qu’on ne compte pas sur nous pour baisser les bras face à cette
métropole qui a tant à apprendre de ce qu’est l’économie circulaire ; que
nous parlions de la politique zéro déchets verts, de la gestion de nos déchets
recyclables en proximité ou encore de la destruction irresponsable par cette
instance d’espaces agro-énergétiques et d’intérêt écologique.
Pour 2017, souhaitons
d’autres caps.
Philippe Bonnin