lundi 9 janvier 2017

2017 : L'année des défis.

2017 sera l’année des défis. Défis pour donner plus de sens à l’action publique de telle sorte qu’elle retrouve son rôle de médiateur, de conciliateur dans la société d’aujourd’hui ; Une société qui se fragmente au gré des crises et d’évènements tragiques qui se succèdent depuis maintenant des mois ;
Il nous faut relever ces défis pour que la politique reprenne enfin toute sa place dans une économie déstabilisée par : 

  • les délocalisations industrielles,
  • la précarité croissante pour les uns,
  • l’affairisme planétaire pour seulement quelques autres, 
  • l’absence de stratégies publiques claires et responsables, comme de vision pertinente à long terme.
      • Enrayer le déclin de nos territoires,
      • promouvoir une véritable éthique environnementale qui soit bien autre chose que des discours de façade,
      • défendre nos valeurs humanistes et la République
tel doit-être le socle de notre engagement public.
L’économie, l’emploi, les territoires et la société dans toutes ses dimensions d’origine, de cultures et générationnelles, sont à la recherche de nouveaux équilibres. Certains de ces équilibres sont justifiés de par les évolutions technologiques majeures et positives ; d’autres résultent d’évènements et de changements dont nous aurions pu très objectivement nous dispenser ; à condition cependant qu’un minimum de clairvoyance eu été au pouvoir en France, mais également en Europe.
A l’analyse des faits, quelle vision, quelle stratégie économique, géopolitique et sociale pouvons-nous discerner dans le discours de ceux qui ont encore cette ambition de gouverner le monde, le pays et nos territoires particulièrement riches de tous leurs habitants ?
Pour s’en tenir à la seule observation des faits médiatiques qui défilent sous nos yeux, comment se fait-il que les élites gouvernent toujours plus par l’émotion que la raison, alors même que nous serions dans une société prétendument évoluée ?

Démocratie, humanisme

Les changements opérés sous l’emprise de l’émotion, de lobbies d’affaires indifférents aux valeurs de la démocratie et de la justice seraient-ils devenus le nouveau signe de la modernité ? Le changement peut-être salvateur, mais pourquoi ces gouvernants ont-ils omis de l’inscrire dans une véritable perspective ; une vision qui donne du sens à la construction d’un avenir démocratique et social pour les peuples ? L’humanité dans sa globalité.
Oui le monde change. Aussi, convient-il d’avancer en se posant les bonnes et vraies questions : de quelles technologies, de quelles compétences et formations ; de quels investissements et au-delà, de quelles régulations économiques, financières et fiscales avons-nous besoin, de telle sorte que le monde évolue enfin dans le sens de plus d’ouverture, de démocratie et d’humanisme ?
Pour redonner du sens à la nécessité de relocaliser l’initiative économique dans les territoires, de créer des emplois avec d’autres recettes que celles d’hier, les nouveaux modèles savent-ils encore nous donner les bonnes solutions ?
Concrètement, notre première réponse doit-être de savoir à quel type de société humaine nous adhérons et avec quel environnement sur une planète devenue particulièrement fragile … déstabilisée.
Au XVIème siècle de notre ère, le philosophe de la Renaissance, grand humaniste et homme politique Thomas More interpellait déjà les élites de son temps pour fonder une nouvelle utopie ; C'était une société de la responsabilité, de la conscience, de la connaissance, de la raison, de l’ouverture et de la tolérance ; plus juste et solidaire.

A la veille d’échéances politiques aussi déterminantes qu’incertaines, ce sont bien les sujets que nous sommes tous en droit d’appréhender à l’issue de ces huit dernières années durant lesquelles les politiques de relance, de redéploiement économique et de l’emploi ont été particulièrement décevantes. A Chartres de Bretagne, comme au Sud de la Métropole et du Département d’Ille et Vilaine, nous savons tous ce que signifie cette désindustrialisation accompagnée de l’augmentation de la précarité. Le traitement social du chômage tourne à plein régime si j’ose dire, mais ce ne doit être que dans l’attente de nouveaux projets. Nous y travaillons ; nous avançons !

Politique et société

A l’orée de cette nouvelle année, nous avons déjà quelques certitudes. Retenons et analysons pour cela ces évènements quasi banalisés, survenus depuis la fin de 2015. Durant toute cette période, des révoltes, des « frondes » se sont exprimées dans les urnes des démocraties occidentales ; Ces vieux pays industriels, encore qualifiés de régions-continents développés.
Jusqu’au XXème siècle, nous étions au centre de tous les grands processus de décision, du développement et de la croissance économique. Puis, nous avons vécu cette mondialisation-délocalisations spéculative, fortement teintée de « moins disant social » et de négligences environnementales de l’Amérique Latine à l’Asie. Elle a généré l’accélération d’une globalisation effrénée des marchés des matières premières alimentaires, puis des denrées minières et énergétiques. Pour finir, elle a démultiplié cette globalisation des biens industriels, technologiques et numériques. Tout ceci fut accompagné de bulles financières spéculatives à très hauts risques … comme en 2008.
A propos de ces phénomènes de mutations, traduits entre autres par leurs cohortes de déclassements, le doute s’est propagé dans la plupart de nos territoires devenus bien moins dynamiques qu’ils furent. Dans l’œil du cyclone, au centre de ces processus de retournement économiques nous sommes maintenant confrontés à des mouvements en forme de décomposition - recomposition sociale et par voie de conséquence d’errements politiques inquiétants. Ce fut le cas de la France lors des dernières élections régionales, de la Grande Bretagne avec son rejet populaire de l’Europe, des Etats Unis avec l’élection d’un imprévisible homme d’affaires ou encore de l’Italie qui a censuré par les urnes un gouvernement dont tous louaient un certain sens de la modernité. Au gré de ces consultations démocratiques successives et à l’aune de 2017, nous mesurons ainsi l’ampleur de cette crise de confiance sans précédent qui prospère sur la vague des populismes européens, comme outre atlantique.
En serions-nous revenus aux années 30 ? Certes, le scénario n’est pas identique, tant sur le plan historique que géographique. Mais nous sommes bien confrontés à ces mêmes climats de crises politiques, diplomatiques, militaires et terroristes. Enfin, n’oublions pas les crises migratoires et environnementales ; Tout est devenu intimement lié.
Prenons donc garde de faits qui à défaut de prendre des formes identiques se répètent et se rapprochent dangereusement des mêmes idées populistes et propositions nauséeuses.

Gens de pouvoir, citoyens.

Depuis les années 70, nous évoluons dans un monde de schémas économiques, sociaux et d’affaires imposés par une classe politique auto proclamée bien pensante, imperturbablement sûre de son fait, considérée moderne par le verbe communicant, enfermée dans ses schémas d’entre-soi de gens de pouvoir. Ils se sont tous construits dans les mêmes écoles d’une République de classe ; sur le même schéma intellectuel de la « pensée unique ».
Qu’avons-nous en face de ce modèle d’organisation néolibérale monolithique qui a si bien su mettre à terre le pourtant nécessaire rôle du politique ? Et bien, la révolte des classes populaires, premières victimes du démantèlement d’anciens foyers industriels des années 50 - 70. Ce sont des ouvriers, mais également dans nos campagnes tous ces agriculteurs qui ont tant cru au progrès technique, de la biologie, de la génétique et de l’agronomie au cours de toutes ces années 60 ; des années façonnées par l’optimisme et la modernité technicienne. Nous en étions encore à l’époque devenue quasi mythique des « trente glorieuses ».

Décontenancés par les cessations d’activités de nos plus grands groupes, la chute des cours agricoles, les reconversions périlleuses des petites entreprises, la précarité de l’emploi, le chômage des générations en fin de parcours professionnel comme des jeunes, le monde des périphéries vote aujourd’hui pour dénoncer cet ordre établi que pérennise une classe dirigeante, convertie à l’exercice très anglo-saxon du pouvoir. Un pouvoir qui depuis le XIXème siècle différencie, sépare, discrimine entre la puissance des cités-métropoles et leurs périphéries appauvries.
De progrès croyons-nous parler à propos des gagnants de la mondialisation heureuse ? Et bien non, nous en sommes plutôt revenus aux temps anciens d’avant les révolutions préindustrielles.
Les pouvoirs sont confisqués par cet entre-soi qui délégitime par la loi les élus communaux issus du suffrage populaire. Ainsi, le déni démocratique n’a jamais été aussi désolant dans notre République.
En retour, la France d’en bas ne vote plus ou vote autrement ; elle « renverse la table » et parie sur le plus incertain des populismes. Le débat est ouvert.

La commune

Avec vous les acteurs de la vie locale, du monde des associations, de la vie éducative et de la solidarité, ainsi qu’avec vous les porteurs de l’économie de toutes les proximités, nous allons poursuivre le partenariat établi au moyen de nos missions de service public qu’on nous accorde encore. Ensemble, il nous faut continuer à avancer pour consolider et développer l’esprit de la cité, en coopération avec toutes les communes proches. Celles avec lesquelles nous partageons le même sens du service, de la culture des projets ambitieux pour le développement humain et le développement durable.
Ensemble, nous serons encore ces initiateurs, ces démonstrateurs de tout ce qui peut être fait et que nul autre ne pourra proposer ou revendiquer à notre place ; Place certes modeste mais essentielle pour garder et cultiver cet indispensable lien qui unit le corps social de proximité.
Ensemble, nous allons poursuivre dans cette même direction. Tenir ce cap ; et malgré tant d’obstacles, il est pour nous un devoir évident que de continuer à agir dans le but de donner du sens à l’action publique locale, au plus proche des gens ; à leur écoute ainsi que pour revendiquer notre conception du développement durable et de l’écocitoyenneté.
Nous allons renforcer nos initiatives dans la maîtrise de l’énergie, du développement des énergies vertes dont nous sommes dans cette agglomération les leaders incontestés. Et qu’on ne compte pas sur nous pour baisser les bras face à cette métropole qui a tant à apprendre de ce qu’est l’économie circulaire ; que nous parlions de la politique zéro déchets verts, de la gestion de nos déchets recyclables en proximité ou encore de la destruction irresponsable par cette instance d’espaces agro-énergétiques et d’intérêt écologique.

Pour 2017, souhaitons d’autres caps.

Philippe Bonnin