vendredi 6 janvier 2023

Voeux aux habitants, acteurs économiques et associatifs de Chartres de Bretagne

Je vous souhaite une très belle année 2023. Une année en bonne santé ; une année durant laquelle il nous sera donné de préserver l’esprit de la solidarité et de la fraternité. Qu’elle ouvre de nouveaux horizons à tous ceux qui les attendent et qu’elle nous assure la prospérité indispensable pour le meilleur service aux habitants de nos communes ; Ces communes qui composent le socle fondateur de la Première République Française de 1792.

Malgré toutes les interrogations, toutes les incertitudes en lien avec le contexte économique et social actuel, que 2023 permette à chacun de faire avancer les projets qu’il porte, que nous avons à cœur de mettre en œuvre. Je vous souhaite, je nous souhaite une année avec de belles et nouvelles idées ; avec de belles initiatives. Nos vœux s’adressent également à vos familles, vos proches et amis.

Notre dernière rencontre en « présentiel » pour célébrer le nouvel an remonte à janvier 2020. Il s’est écoulé plus de 1 000 jours ! Autant dire une éternité … Tellement de changements depuis ; tant d’évènements attendus et tant d’autres imprévus … incongrus. En la matière, la commune de Chartres de Bretagne n’a pas été épargnée. De soi-disant faits ont été divulgués … propagés dans les médias et réseaux sociaux. En réalité, ils étaient mensongers, déformés à souhait et nourris par un seul dessein : la machination. Ces évènements ont porté une atteinte grave à nos agents, fidèles collaborateurs mis en cause ; Ils ont porté atteinte à la belle image de notre commune. Et s’il faut y revenir, ce ne serait en ce qui me concerne qu’avec le temps, le recul et la distance que je me suis toujours donné en conscience. Justement, je ferai volontiers référence à ce poème incomparable de Victor Hugo, publié dans son œuvre monumentale : « La Légende des Siècles ». Aux prémices de la création, il traite de « La Conscience »; la conscience d’un être dont l’honneur est définitivement perdu … Je laisse à chacun le souhait de le lire, ou de le relire.

En écho à l’expression de notre immense écrivain pétri d’humanisme, ainsi va le monde depuis tant d’années et de siècles ! Un monde gangréné par des antagonismes, des conflits toujours plus violents ; qu’il s’agisse aujourd’hui de crises économiques, politiques, géopolitiques ; de crises écologiques, sanitaires, sociales et plus grave encore humanitaires. Au gré des jours et des années, toutes les conséquences qui en découlent peuvent ainsi devenir totalement incontrôlables. Fort heureusement, notre République reste encore, je l’espère pour longtemps un état de droit.

Que sera l’année 2023 ?

Évidemment, soyons lucides, réalistes mais toutefois positifs. Elle va d’abord s’inscrire dans la trajectoire de 2022 avec sa riche succession d’évènements.

Certes, forts d’un regard empreint d’une relative candeur, il serait possible de présupposer que nous sommes aujourd’hui confrontés à de simples concours de circonstances ; certes difficiles à dépasser. Il s’agirait en quelque sorte d’appréhender au mieux la sortie d’une pandémie virale exceptionnelle par son ampleur et d’attendre patiemment la fin des restrictions énergétiques en cours ; la conséquence d’une guerre désastreuse en termes géopolitiques et humanitaires aux portes de l’Europe. Tous les qualificatifs nous manquent …

Perspicacité, lucidité obligent, il n’en est rien ! Ce ne sont là qu’évènements qui d’une certaine façon ont précipité plus rapidement qu’annoncé par des spécialistes avertis l’émergence d’une crise systémique de l’actuel modèle économique libéral mondialisé. Prix Nobel 2015, dans le journal « Le Monde » de ce 30 décembre 2022, l’économiste Angus Deaton faisait état de l’absence d’analyses sérieuses des crises actuelles. Ainsi, il écrit : « Les fiers apôtres de la mondialisation et du changement technologique ont enrichi une étroite élite financière et managériale, redistribué les revenus et les richesses du travail vers le capital » … « et détruit des millions d’emplois … » enfin, j’ajouterai : propagé la précarité sociale à l’échelle de tous les continents, grande cause des migrations humaines. Cité dans le même article, Amartya Sen, également Nobel d’économie en 1998 avance le point de vue que le modèle de la pensée économique libérale et mondialisée a pris une très mauvaise tournure. C’est entre autres lorsque cette pensée fut réduite à la seule étude de la répartition manifestement inégalitaire des ressources planétaires, limitées aux seuls bénéficiaires de l’accumulation du capital ; plus explicitement, à une minorité concentrant le pouvoir et l’argent. Nous sommes bien loin du champ de la science économique qui pour l’essentiel devrait relever de l’évaluation du bien-être humain et donc social ; une économie au service de l’homme et par conséquent de nos sociétés. Au XVIII ème siècle, il s’agissait déjà d’un sujet développé chez Adam Smith dans les « Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations » publié, en 1776 ; Adam Smith, cet économiste britannique, philosophe et théoricien de la pensée libérale s’il en est un. En réalité, la pensée d’Adam Smith, contrairement à ce que beaucoup de libéraux ont prétendu par la suite ne pouvait se résumer à la pure apologie des lois du marché. « Tous les gouvernements ont préféré étendre le pouvoir de la finance en accentuant le libre-échange et la dérégulation financière. Ils ont ainsi entretenu la prolifération d'instruments et comportements financiers toxiques qui ouvraient la voie à la prochaine crise … Les économistes post-keynésiens avaient beau prévenir que cela finirait par déclencher une nouvelle crise mondiale, et même prévoir justement celle de 2008, cela ne changeait rien à la sereine détermination des gouvernements, qu'ils soient de droite ou prétendument de gauche. Ainsi donc, à peine plus de dix ans avant la crise de la Covid-19, la crise financière et économique mondiale a bien eu lieu … On a laissé les peuples supporter le coût de la récession, on a transformé une crise des dettes privées irrécouvrables en une explosion de la dette publique, on a instrumentalisé les difficultés financières des États pour accentuer les réformes néolibérales » … Ainsi s’exprimait voici un an l’économiste Jacques Généreux. Force est de constater qu’en ces premiers jours de 2023, un tel scénario n’est pas à exclure. Dans l’actuel contexte, il nous est permis de soulever nombre de questions sur l’avenir de nos modèles économiques, plus que jamais à la peine. Ainsi, serions-nous condamnés à subir ces crises, ces régressions une fois si ce n’est deux fois durant chaque décennie ?

Pour l’heure, consacrons notre énergie au devoir d’agir avec pour fil conducteur de reconstruire certes, mais avec des idées concrètes, pragmatiques et force de volonté démultipliée. Des idées et projets qui tournent le dos à tous ces concepts éthérés, si ce n’est lunaire de sachants qui n’ont en réalité jamais rien démontré. Mais convenons en, la science économique n’est finalement que débat !

La réalité économique chartraine.

Nous avons d’un côté des ouvriers passionnément investis dans leurs tâches, des techniciens expérimentés, des ingénieurs concepteurs vertueux qui font preuve de motivation et d'inspiration pour innover avec l’objectif d’assurer notre compétitivité industrielle et protéger ainsi nos entreprises de ces menaces corrosives du « tout marché », de la course au moins disant social et de la prédation environnementale, … tandis que d’autres encore dissertent et se détournent de l’urgence à réindustrialiser, à diversifier les activités dont nous avons tant besoin. À l’orée de 2023, je remercie l’investissement personnel des dirigeants de nos établissements industriels de Chartres de Bretagne, responsables et acteurs rompus à la maîtrise des sciences et techniques, rompus aux stratégies pertinentes pour le développement de leurs entreprises. Je salue toutes les entreprises présentes dans les espaces dédiés à la construction automobile et toutes celles présentes dans les bâtiments cédés par PSA-Stellantis. Je n’oublie nullement celles qui prospèrent à la Conterie ainsi que sur le secteur des activités économiques de la Croix aux Potiers - Métairie. Ce sont des entreprises dont la valeur ajoutée nous est précieuse. Elles font la richesse de notre territoire et du pays. Elles contribuent à redonner des couleurs à nos espaces industriels encore libres, puisque durement affectés par les crises successives de ces dernières années. Je parle bien sûr de « La Janais », exclusivement présente dans le périmètre cadastral communal et qui de par sa taille exceptionnelle représente le quart de la surface de Chartres de Bretagne.

Nous avons subi tous les contrecoups des errements des politiques successives qui actaient la désindustrialisation du pays. Je l’ai exprimé et dénoncé dès le début des années 2010. Je ne m’étais pas trompé, alors que d’autres persistaient abusivement dans leurs erreurs. Sous nos yeux, ce sont là plus de huit années de déshérence. Elles ne se rattraperont pas de sitôt dans le contexte incertain que nous allons traverser. Un tel détachement quasi désinvolte de certains politiques à l’égard de l’économie productive se paiera d’autant plus au prix fort et que l’économie des services va se rétracter en termes d’effectifs. Inéluctablement, il en résultera une forte propension à ce que la précarité et le sous emploi perdurent … Tout ceci ne présage rien de bon pour « faire société ».

Permettez-moi de vous dire enfin que j’ai suffisamment de parcours accompli et de détermination pour dénoncer ces politiques qui n’ont encore rien compris aux enjeux du redéploiement de l’industrie. Les seuls défis qui m’importent aujourd’hui, ce sont toutes les solutions susceptibles de mettre un terme à cette désindustrialisation subie ; ravageuse. Et pourquoi faudrait-il se retrouver de nouveau la face contre terre pour qu’enfin des décideurs peu rompus à la maîtrise des stratégies de chaînes de valeur et d’indépendance économique en arrivent à comprendre ou accepter leurs erreurs ? Fallait-il le Covid pour découvrir l’absence de résilience de pans entiers de nos filières productives, dépendantes de produits essentiels importés ? Je pense bien sûr à la production dédiée aux nanotechnologies, aux processeurs, aux filières du silicium, des terres rares et autres lithium, cobalt ou tantale.

Pourquoi faut-il en arriver à de pareilles circonstances pour redécouvrir l’enjeu de l’interventionnisme industriel ? Pourtant, il a su démontrer toute sa pertinence après-guerre. En particulier avec l’arrivée des usines Citroën à Chartres de Bretagne en 1958. Voici 10 ans, je me suis déjà exprimé avec d’autres collègues, en d’autres lieux. Je n’y reviendrai pas. Je veux seulement porter l’attention de chacun sur une initiative des plus stratégiques que les États-Unis viennent d’engager. Elle montre que lors de situations critiques durant lesquelles il convient d’assurer l’indépendance technologique et par conséquent économique d’un pays, il faut savoir restaurer l’interventionnisme ; ce qui naturellement justifie de rompre avec les lois du marché. Plus précisément, il s’agit du plan de réduction de l’inflation (Inflation Reduction Act). Il mobilise 400 milliards de dollars. Ainsi, la première puissance économique mondiale s'engage dans une course aux soutiens à l’investissement industriel. Ce sont des initiatives qui vont jusqu’à susciter la révision de certains choix de localisation concernant de nouvelles implantations d’établissements industriels stratégiques ; entre autres au détriment de l’Europe et bien sûr de l’Asie. Dont acte.

La vie communale.

Pour l’heure, dans la vie communale, en ce qui concerne nos projets, nous sommes tributaires du ralentissement si ce n’est de l’arrêt de certaines fabrications indispensables à la construction et / ou la rénovation de nos bâtiments. Nul ne l’ignore, les délais de livraison sont de plus en plus longs et les prix restent à la hausse.

Selon les représentants des entreprises du Bâtiment et Travaux Publics, le prix de certains matériaux et fournitures aurait été multiplié par quatre. L’inflation concerne également les aciers, l’aluminium, bien sûr le cuivre et tous les produits d’isolation. Tous les opérateurs font état d’une envolée des prix du bois d’œuvre ; une denrée devenue particulièrement rare puisque peu renouvelable si nous respectons le rythme naturel des saisons, de la photosynthèse et la biodiversité.

Les appels d’offres que nous lançons sont pour partie infructueux par manque de candidats en mesure de répondre à nos estimations de prix. Les entreprises font également face à un autre dilemme. Il s’agit des réorientations professionnelles. La pénurie de main d’œuvre est d’ores et déjà bien présente. Aussi, force est de constater que face à ces difficultés de recrutement et à la crise des approvisionnements, beaucoup d’entreprises de taille modeste ne sont plus en mesure de répondre à nos marchés de travaux.

Pour autant, nous ne manquons pas d’ambitions. Des projets sont en cours, comme l’agrandissement de la résidence de la poterie, l’extension du restaurant de l’école Brocéliande, la rénovation de la cour de l’école de l’Auditoire, la réfection du centre de loisirs des Longues Hayes, la salle multisports des Portes de la Seiche, la maison éco-citoyenne et la nouvelle crèche municipale.

En outre, nous poursuivons des chantiers importants de rénovation énergétique. Le dernier concerne le bâtiment « B » du Pôle Sud. En ce qui nous concerne, le rapport de l’Agence Locale de l’Énergie et du Climat prévoit une augmentation du coût de l’énergie d’environ 500 000 € pour cette année. Il est de notre devoir partagé de prendre toutes les initiatives pour réduire ces dépenses. Enfin, il n’est pas exclu que nous prenions des décisions audacieuses à cet égard durant cette année 2023.

Collectivement confrontés à ces multiples inconnues, il nous faut avancer prudemment dans notre programme d’investissements. Certes, nous avons anticipé en consolidant notre capacité de financement, tel que la Chambre Régionale des Comptes l’a constaté et certifié. En tout état de cause, la présente conjoncture des plus contraintes ne nous permet pas le moindre écart, si nous souhaitons mener à terme ces projets particulièrement justifiés pour accompagner le développement de la commune. Un développement conforme au Programme Local de l’Habitat de l’agglomération et à notre volonté d’anticiper tous les besoins qu’induit une évolution démographique régulière et sans à-coup.

Nos fidèles collaborateurs.

Sans l’accompagnement et le soutien de tous les agents de la collectivité, nous ne pourrions avancer ainsi. Je les remercie très chaleureusement pour leur engagement. Ces dernières années, malgré les innombrables difficultés liées à la crise sanitaire, ils ont répondu présents pour assurer la continuité du service public. Ils démontrent leurs compétences au quotidien et contribuent à donner des couleurs, du caractère et même du « relief » à notre ville !

Les mises en cause et rumeurs à l’encontre l’administration qui ont agité la commune en 2021 et jusqu’en 2022 ont toutes été démenties avec des preuves remises aux autorités judiciaires, ainsi qu’à la juridiction financière. Mais au-delà de tous ces biens tristes évènements, notre commune reste ce lieu privilégié d’une vie sociale accomplie.

Nos associations, leurs responsables et bénévoles.

Entre autres, c’est grâce à nos associations, ainsi qu’aux nombreux bénévoles et responsables qui les animent. Vous répondez tous présents et je vous en remercie. Je vous adresse toute ma reconnaissance et ma gratitude. Grâce à chacun d’entre vous, notre qualité de vie chartraine est l’une des plus reconnues. Nous partageons tous et sans réserve cette volonté de la protéger. Elle représente notre meilleur atout pour assurer l’intégration du plus grand nombre et garantir la cohésion entre tous. La commune : c’est notre territoire d’expérience de la citoyenneté.

Alors que des réformes législatives votées en 2014 ont remis en cause l’existence même des principes fondateurs des communes dans les métropoles, il est plus que jamais indispensable de préserver notre détermination partagée qui consiste à exprimer avec force tout ce que représente pour chacun d’entre nous la commune ; les communs ! C’est le premier espace de la libre administration de nos territoires et d’expression de nos valeurs républicaines. Elles sont à nos yeux essentielles.

En ces temps de dislocations politiques autant qu’économiques, de la propagation de propos démagogiques teintés de populisme, d’isolement social sous l’effet de causes multiples, dont celle de la crise de la défiance institutionnelle qui gangrène une grande part de la société, … en ces temps d’appréhensions à l’égard de la culture des autres, … toutes les racines qui viennent de ce beau « terreau fertile » communal dans lequel nous vivons, prennent une dimension d’autant plus gratifiante et apaisante. Ces racines, ces liens, composent un repère, une référence vitale pour chacun d'entre nous. Comme jamais auparavant, ils donnent un sens exceptionnellement positif à la vie locale. Ces liens sont des plus utiles et précieux pour aller de l'avant. C’est ainsi que nous concevons la place de la commune dans la République ; un lieu où la solidarité et la citoyenneté ont toute leur légitimité pour prendre l’avantage sur les tentations du repli sur soi. À cet égard, j’adresse un très grand merci, et des plus sincères à tous les amis qui se sont investis dans la rédaction de la seconde édition du livre « Chartres en Bretagne », publiée l’an passé. Ils ont renouvelé l’image, donné des couleurs à la commune.

Je vous souhaite une très belle année 2023, riche d’ambitions à la hauteur des défis qui nous attendent, riche d’espoir et d’unité préservée.

            Philippe Bonnin,

            Maire.