vendredi 28 novembre 2014

« La Janais » en cette fin d’année 2014


Situation de la filière automobile, dont « La Janais » (Chartres de Bretagne) en cette fin d’année 2014


Le 28 novembre 2014

Alors que la crise dans la construction automobile française est loin d’être terminée, le débat sur l’évolution des effectifs du groupe automobile PSA ne cesse de revenir sur le devant de l’actualité.
Suite aux informations communiquées le 24 novembre en Comité Central d’Entreprise, plusieurs syndicats ont considéré que la présentation du nouveau plan de réduction des effectifs, reste à priori conforme aux accords antérieurs de 2013. Je n’ai pas d’appréciation à formuler sur ce point qui concerne d’abord les relations entre les partenaires sociaux.
Une fois encore, il nous faut déplorer le déclin inexorable de la filière automobile et ses conséquences sur l’investissement, l’emploi, l’innovation et la dynamique des territoires ; dont le nôtre. En 2011, PSA employait 100 000 salariés dans l’hexagone ; 58 000 en septembre 2014 (- 42%). Quant à Renault, l’effectif était déjà de 55 000 en 2011 (48 000 début 2014).
Dans cette même période, Les usines Peugeot Citroën de Chartres de Bretagne sont passées de 12 000 salariés en 2005 à 6 800 en 2010 et 4 600, tout au plus à cette date. En effet, l’effectif serait proche de 3 000 avec les détachements, les congés séniors et le chômage partiel.
Pour revenir à la situation nationale, l’excédent commercial de la filière était de 13 milliards d’euros en 2004. 10 ans plus tard, le déficit est de 6 milliards (données des douanes). Les conséquences d’un tel effondrement sont déjà bien présentes lorsqu’on analyse le taux d’activité dans les principaux bassins d’emploi concernés par la construction automobile.
Les responsables politiques et économiques du pays et de plusieurs grandes collectivités territoriales doivent enfin prendre la dimension des mesures qui s’imposent pour sauver ce qu’il reste à cette date de la filière automobile en France.

Nous avons alerté à maintes reprises les pouvoirs publics sur l’avenir bien compromis de l’industrie automobile française. En mai 2012 les collectivités ont alors fait état de la nécessité d’engager un projet industriel soutenu par des choix d’investissements majeurs dans les moyens de fabrication les plus performants. En effet, c’est la seule voie qui nous permettra de reconquérir les marges de compétitivité perdues. Avec l’ACSIA ([1]), nous avons déjà largement sensibilisé l’opinion sur l’absence d’expertise des pouvoirs publics, face aux diagnostics à géométrie variable des constructeurs ; Des diagnostics dont les préconisations ou orientations sont bien peu convaincantes pour l’avenir de la filière française.
Au final, vaut-il mieux une économie soutenue par des choix d’investissements industriels stratégiques et novateurs qui stimuleront l’offre, ou bien le chômage de masse, tel qu’il s’abat un peu plus chaque mois sur le pays en affaiblissant le marché ? Personne ne peut ignorer que le coût économique et social de l’effondrement de notre industrie en général et automobile en particulier est déjà plus qu’insupportable.
En juin 2012, les propositions de l’ACSIA ont été ignorées, comme celles de la recherche d’alliances industrielles internationales pour la Janais à Chartres de Bretagne ([2]). C’est aujourd’hui le seul établissement du groupe PSA qui ne dispose plus des volumes de production suffisants pour garantir sa pérennité. Nous savons que nos propositions auraient évidemment bousculé les pratiques industrielles du constructeur. Mais quelles sont les autres alternatives opérationnelles proposées ?
Alors que l’Etat a dû recapitaliser Peugeot-Citroën début 2014 à hauteur de 750 millions d’euros et garantir les engagements financiers de la banque PSA en 2012 (7 milliards d’euros), nous étions en droit d’attendre autre chose que ce qu’on nous promet pour la Janais.
Comme je l’ai toujours demandé, il nous importe que tout projet de soutien, sous une forme ou une autre soit conditionné par des engagements qui sont aujourd’hui fort loin d’être acquis, tant pour le véhicule « P87 » (prochaine 5008) annoncé sous conditions d’aides financières conséquentes des collectivités, que pour un modèle complémentaire qui viendrait assurer la pérennité à court-moyen terme de l’usine. Dans l’immédiat, la meilleure option serait d’exiger la fabrication à la Janais de la remplaçante de la 508 et qu’à cette date le groupe prétend toujours attribuer à Sausheim en Alsace.

Philippe Bonnin,
Maire de Chartres de Bretagne,
Vice Président du Conseil Général d’Ille et Vilaine
en charge de l’économie, l’emploi et l’innovation.




([1]) ACSIA – Association des Collectivités Site d’Industrie Automobile.

([2]) Mission Gailong international, financée par la Ville de Chartres de Bretagne et présentée aux conseillers de l’Elysée ainsi qu’au Ministre du Redressement Productif.