Le relatif redressement
commercial des marques automobiles françaises ne doit pas faire oublier l’accumulation
de nuages sur plusieurs usines en France… dont la Janais à Chartres de Bretagne,
ainsi que les sous-traitants Bretilliens.
Chartres de Bretagne, le 20 juin 2014
Les récentes décisions de la
direction du groupe PSA ne font que confirmer nos interrogations et inquiétudes
sur l’avenir des établissements de la Janais à Chartres de Bretagne.
Dès la fin 2013, nous savions
que l’annonce d’un nouveau véhicule (P87 ou future 5008) n’était qu’un « projet
à minima ». En effet, le potentiel commercial ne dépassera guère les 70 000
véhicules en première année de fabrication. Pour cela, il convient de se
référer aux volumes réalisés à Sochaux lors du 1er lancement de 2010.
En outre, nombre d’ensembles constitutifs du véhicule viendront de l’usine
Franc-comtoise et d’autres sous-traitants extérieurs aux régions de l’Ouest. De
ce fait, le niveau des investissements projetés au sein de l’usine reste très
limité. Dans ces conditions, force est de constater que la sous-traitance
locale ne connaitra pour ainsi dire pas de retombées significatives. S’il faut encore
s’en convaincre, il suffit de rappeler l’importante réduction des moyens de
production et d’effectifs dans les usines Faurecia de Bains-sur-Oust et Crevin,
Cooper Standard ou encore Bretagne Ateliers. Pour la seconde année consécutive,
fin septembre 2014 nous arriverons à plus de 600 000 heures de chômage
indemnisé. Ce sont autant de contributions publiques pour la seule usine de la
Janais, soit plus de 10 millions d’euros sur une année. Dans ces conditions, qu’on
ne nous parle pas de rentabilité ou de performance alors que le groupe restera
pour des années sous perfusion financière, grâce à l’apport massif de fonds
publics et pas seulement pour l’usine de la Janais.
Une nouvelle alerte des plus
symptomatiques nous est arrivée la semaine passée avec l’annonce
d’investissements à Sausheim près de Mulhouse (300 millions d’euros). En
réalité, il s’agit d’une dépêche de Reuters, largement reprise et non démentie
depuis, précise qu’il s’agit de transférer la fabrication de la future 508 en
Alsace. Puisqu’on nous a déjà annoncé la fin de la Citroën C5 à la Janais pour
une destination, tantôt en Chine puis un autre jour à Mulhouse, autant dire que
l’assemblage des véhicules du « segment D » des grosses berlines de moyen - haut
de gamme dont l’usine de Chartres avait acquis la notoriété dans les années
2000, disparaît définitivement.
En tout état de cause, dès
2017 la direction du groupe, quasi nationalisé aux couleurs franco-chinoises pourra
annoncer sans coup férir la fermeture de l’établissement, faute de volumes à
fabriquer. Les responsables publics, comme ceux de la firme elle-même auront ainsi
beau jeu de justifier cette décision après avoir privé d’investissements significatifs
la Janais depuis 15 ans. Dès la première phase de la grande crise économique de
2008, le contexte aurait pu justifier de nouveaux choix technologiques et le
redéploiement des moyens industriels, tel que nous l’avons vu dans d’autres
pays. Nous nous sommes déjà largement étendus à ce sujet avec les contributions
des collectivités membres de l’ACSIA.
Est-il encore nécessaire de
rappeler qu’en 2017, l’engagement de ne pas fermer de sites en France après
Aulnay sera levé ? En effet, c’est une posture qui reste lié aux accords
de compétitivité signés le 24 octobre 2013.
Le 20 mars 2014, j’avais
présenté mon analyse et nos propositions aux conseillers économiques du
Président de la République pour explorer une stratégie de coopération
industrielle nouvelle à la Janais. En présence de la Députée Marie-Anne Chapdelaine
et du Président du Conseil Général Jean-Louis Tourenne, un engagement avait été
pris pour introduire notre approche auprès du nouveau Président du Conseil de
surveillance, Monsieur Louis Gallois, représentant des intérêts nationaux chez
le constructeur. Nous attendons toujours la proposition d’une rencontre alors
qu’aucun signe positif n’est perceptible quant à l’avenir du site.
Hormis le sauvetage du groupe,
quelle stratégie industrielle nous propose l’Etat en matière de filière automobile
et plus globalement de mobilité ?
Pourtant, la commune renforce
son attractivité fiscale déjà conséquente, en bénéficiant aujourd’hui de toutes
les attentions dans le cadre du pacte d’avenir pour la Bretagne et de
dispositions d’aides européennes en matière de soutien à l’économie productive…
Je constate une fois de plus
que sans une solide mobilisation des élus et de tous les acteurs économiques et
sociaux du territoire, l’hémorragie des emplois industriels dans le bassin
rennais, comme en Ille et Vilaine va se poursuivre. C’est une situation
totalement inacceptable et qui ne peut plus laisser indifférent les décideurs
locaux.
Nous allons proposer des initiatives
dans ce sens.
Philippe Bonnin,
Maire de
Chartres de Bretagne
Vice-président
du Conseil Général