Intervention lors du Conseil Municipal de
Chartres de Bretagne
le 16 décembre 2013
Philippe Bonnin, Maire
En juillet 2012, nous avions
alerté les pouvoirs publics sur la situation très préoccupante dans laquelle
s’engageait un peu plus chaque jour la société Peugeot-Citroën. Il était
évident que le groupe ne pouvait trouver de solution sans l’appui de l’Etat
pour résoudre la crise dont on savait déjà la gravité.
Au demeurant, quelle fut la
réalité ?
Dès septembre 2012, il
devenait nécessaire d’apporter une caution financière publique ; autrement
dit : du contribuable. Elle fut portée à hauteur de 7 milliards d’Euros ;
l’objet étant de garantir les emprunts de la banque PSA Finances. Plus précisément,
il s’agit de l’outil de financement destiné à la commercialisation des
véhicules.
Ensuite, ce fut l’annonce de
résultats particulièrement calamiteux pour la même année 2012. Peugeot-SA
accusait une perte opérationnelle d’un milliard et demi d’euros pour un
résultat global négatif de 4,7 milliards en 2012, dépréciations d’actifs et
abandon de créances compris.
Lors de cette même période, en
juin 2012, l’Association des Collectivités Sites d’Industrie Automobile - ACSIA
- avait publié un livre blanc plutôt bien accueilli par les responsables économiques
et politiques de l’époque, tous extrêmement inquiets sur le devenir de
l’industrie automobile française. Alors que la crise couvait chez PSA depuis
des mois, elle prenait 15 jours plus tard une tournure des plus critiques. Très
vite, on a constaté une soudaine levée de réactions hostiles à nos
propositions. Pourtant, cette contribution tombait très opportunément sous le
sens si nous voulions enfin contribuer à traiter au fond les faiblesses de la
filière automobile française. Aujourd’hui, ce secteur majeur de l’économie est
plus que jamais à la veille d’un processus de désindustrialisation sans retour.
Ces derniers jours, après
maintes déclarations sur les effets positifs attendus de l’alliance avec
General Motors, c’est maintenant l’annonce du départ de GM du capital de PSA… Et
même si cet évènement était devenu fort prévisible, nous voilà de retour à la
situation d’avant 2012. Certes, il reste encore des coopérations techniques,
mais avec un partenaire dont aujourd’hui personne ne peut ignorer les pratiques
concernant ses décisions, toujours aussi imprévisibles.
De cet épilogue, on en retiendra
surtout les préjudices à moyen terme… Le désengagement de l’Iran imposé par General
Motors, si ce n’est par la diplomatie américaine elle-même, l’abandon des
coopérations avec Ford et l’éloignement de l’allemand BMW dont on connaissait
l’importance de la coopération pour les fabrications de moteurs.
Il faut bien admettre que la
succession des plans automobiles, tous déclarés aussi stratégiques et « mondiaux »
les uns que les autres n’ont apporté que peu de choses. Dans ces conditions, qu’est
devenue la crédibilité des principaux acteurs en charge de ce dossier ?
Toutefois, et à leur corps défendant, reconnaissons que la crise économique
européenne dont nous ne sommes malheureusement pas prêts de sortir ne les a pas
aidés…
Quelle est la situation économique et sociale actuelle en Ille et
Vilaine et celle de la Janais à Chartres de Bretagne ?
En 2005, il avait été fabriqué 340 000 véhicules dans l’usine chartraine. Ce seront quelques 90 000 modèles en 2013. En 2005, les effectifs étaient supérieurs à 12 000 salariés. Ils seront ramenés à 4 000 tout au plus courant 2014.
En 2006, les emplois directs
liés à l’automobile étaient de 27 000 en Ille et Vilaine. Ils étaient
12 000 en 2012. Ils passeront sous la barre des 10 000 en 2014…
Alors que de 2008 à 2012,
l’industrie automobile Brétillienne perdait 3 200 emplois, les autres
industries non agro-alimentaires 2 300 et le secteur du Bâtiment et
Travaux Publics (BTP) 1 000 ([1]), qui
ose aujourd’hui penser que la crise est terminée ? Le déclin de
l’industrie serait-il un fait logique dans une économie devenue largement « tertiarisée » ?
En réalité l’un ne peut se dispenser de l’autre. Tout est question d’équilibre
dans ce qu’on appelle les chaînes de valeur. Pour conclure sur le sujet des
activités de production, seules les industries agro-alimentaires s’en sortent
plutôt bien avec 1 000 emplois supplémentaires de 2008 à 2012 en Ille et
Vilaine.
Après le premier choc de juillet 2012, le constructeur automobile a engagé une politique très active dite de « ré-industrialisation », laissant clairement penser que la fermeture de l’usine brétillienne était à l’étude. En effet, celle-ci excluait tout grand projet de construction automobile, qu’il soit d’ailleurs classique ou plutôt novateur. C’est ainsi qu’ont été signifiées les intentions de PSA aux acteurs de la prospection internationale. En son temps, nous avions obtenu ces informations on ne peut plus explicites. C’est entre autres à cela que tient notre très forte mobilisation depuis des mois autour de ce dossier particulièrement sensible sur le plan économique, social et bien évidemment politique.
A cet égard, je tiens à saluer
le Président du Conseil Général, Jean-Louis Tourenne, qui est venu soutenir
notre mobilisation à Chartres de Bretagne, le 19 mars 2013 devant 250 élus et
habitants de la commune et d’Ille et Vilaine. Je remercie aussi la députée Marie-Anne
Chapdelaine qui s’est aussi mobilisée pour porter notre cause auprès des ministres
concernés par le déroulement de la crise de la Janais.
En réalité, à la suite de la
fermeture d’Aulnay sous Bois, mais surtout lors de la signature du nouveau
contrat social chez PSA, le groupe automobile n’avait plus d’autre choix que de
pérenniser ses usines terminales restantes au moyen d’une redistribution des
fabrications. Félicitons-nous que l’accord de fabrication des OPEL-GM Zafira pour
l’usine de Sochaux facilite de fait un transfert des 5008 Peugeot à Chartres de
Bretagne.
Malheureusement, il faut tout
autant noter que pour maintenir l’activité de chaque site restant, les usines
de Sausheim près de Mulhouse et de Poissy vont connaître à leur tour un démantèlement
de lignes de production, comme Chartres de Bretagne l’a vécu en 2010.
Actuellement, 14 400
modèles 5008 ont été vendus au 30 sept 2013, soit 1,1% du marché français.
Produits à 70 000 exemplaires en 2010, il en était fabriqué 50 000 en
2012. Chacun voit bien qu’il nous faudra bénéficier d’ici 3 ans d’un véritable
retournement du marché pour écouler le nouveau modèle 5008 Peugeot à 70 000
exemplaires, tel qu’annoncé. A titre d’information, il ne s’est commercialisé
que seulement 4 500 exemplaires Zafira en France sur les 9 premiers mois
de l’année 2013 ([2]).
De tels chiffres démontrent
s’il est nécessaire qu’il faudra rester très attentif et particulièrement
vigilant pour maintenir l’usine en activité. Je tiens à rappeler que rien ne
doit être considéré comme acquis en ce qui concerne la pérennité des sites
industriels en France, dont bien sûr celui de la Janais.
La mobilisation soutenue des élus chartrains
Chacun sait parfaitement que l’actuelle
situation était prévisible depuis fort longtemps. Dès le début de l’année 2013,
nous avions su en tirer les conséquences. C’est la raison pour laquelle la
municipalité a décidé d’engagé une réflexion pour explorer des voies de sortie
de crise.
L’unique objectif à tenir
consiste à retrouver les volumes qui permettraient de garantir la pérennité de
l’usine de la Janais. De toute évidence, c’est une orientation qui doit maintenant
s’inscrire dans un contexte de partenariat industriel différent. Egalement,
nous savions qu’une telle hypothèse de travail dépendait de la possible amplification
ou non de la crise financière du groupe d’une part et de la probable absence de
règlement des nombreux différents entre les acteurs de la gouvernance au sein
du conseil de surveillance comme du directoire de PSA d’autre part. Depuis la
rentrée 2013, rien n’est donc réglé. A l’époque, nous estimions qu’il convenait
d’être prêt avec un projet établi dès le mois d’octobre pour avancer sur une nouvelle
problématique de coopération industrielle. Pour nous, l’enjeu consistait à
démontrer que la performance des process de fabrication automobile en France,
et tout particulièrement à la Janais nous permettrait d’approcher des
constructeurs de pays émergents.
Actuellement, ce sont des pays
à forte croissance, mais qui analysent et intègrent déjà les risques de
retournement conjoncturels, consécutifs à la remontée des coûts de fabrication
dans leurs propres bassins industriels. Avec des unités de production où la
mobilisation des heures de travail consommées par unité produite est bien plus élevée
qu’ici, il devient très opportun pour ces pays dits émergents d’étudier les
process de fabrication dans les économies à coûts de main d’œuvre élevés. Il
s’agit d’une situation bien connue depuis des années dans l’union européenne
historique. Sans nous attarder sur l’analyse des faits qui concourent à la
montée certaine du pouvoir d’achat, au demeurant très bénéfique pour la demande
dans ces pays, il s’impose aujourd’hui de développer de nouveaux systèmes
productifs plus performants. C’est la situation déjà maîtrisée dans nos vieux
pays industriels.
Ainsi, nous avons considéré
que parmi la centaine de constructeurs chinois, certains jugeraient opportun,
voire nécessaire de s’ouvrir à l’international ; condition même de leur
avenir. Ils vont donc chercher à développer des coopérations techniques sur des
plateformes partagées avec des constructeurs européens. A cet égard, il est
intéressant d’analyser les expériences de Geely, SAIC et Great Wall. Geely a
racheté la branche automobile de Volvo en reprenant des unités de production en
Suède, Belgique et Grande Bretagne. SAIC a acquis l’usine de M.G à Longbridge
en Grande Bretagne et enfin Great Wall a construit un établissement en Bulgarie
pour produire 50 000 SUV par an.
Dans ce contexte d’analyse, la
Ville de Chartres de Bretagne, totalement mobilisée depuis des années pour défendre
l’avenir du 10ème site industriel de France a missionné le Cabinet
Gailong International, basé à Pékin pour appréhender cette approche en relation
avec des spécialistes internationaux de la filière automobile. Notre travail a
déjà fait l’objet de plusieurs présentations auprès des autorités françaises,
tant par le Président du Conseil Général, Jean-Louis Tourenne et la Députée
Marie-Anne Chapdelaine qui ont rencontré un Conseiller du Président de la
République en charge des questions économiques et sociales. J’ai également
rencontré un autre Conseiller du Président Hollande responsable des questions
stratégiques pour l’espace Asie-Pacifique ainsi qu’un membre du Cabinet du
Ministre du redressement productif en charge de la ré-industrialisation, lui-même
en relation avec le Préfet d’Ille-et-Vilaine et ses services à qui j’ai bien
évidemment présenté l’initiative de la commune de Chartres.
Nous joignons ci-après une
synthèse de l’étude déposée par le Cabinet Gailong le 7 octobre dernier et
présenté aux élus de la commune le 4 novembre 2013 en séance de travail par
Monsieur Hervé Cayla, Directeur du cabinet Gailong International.
Projet de recherche de nouveaux partenariats industriels pour PSA - La
Janais à Chartres de Bretagne
Objectif :
Il s’agit d’assurer le plan de
charge des usines PSA, notamment françaises et d’améliorer leur profitabilité
au moyen d’un nouveau partenariat industriel qui permette de pérenniser le
groupe. Notons bien que ce projet n’a pas vocation à traiter des difficultés
financières actuelles de la société ; du moins à court terme.
Notre objectif consiste à
présenter un « package attrayant » pour une coopération industrielle
et commerciale avec éventuellement une prise de participation capitalistique
par un partenaire chinois dans le capital de PSA. Outre le maintien de l’emploi
en France, en particulier pour le site de la Janais, ceci permettrait de
restaurer la rentabilité, tant par un meilleur taux d’utilisation des usines
que par le partage de plateformes et des volumes de ventes supplémentaires dans
les réseaux de concessions automobiles.
Les différents axes pour une telle coopération :
·
L’axe industriel : accéder à une ou plusieurs plateformes PSA dans le but de
réaliser un ou plusieurs véhicules destinés à être construits en France et
commercialisés en Europe. La plateforme EMP2 (Efficient Modular Plateforme 2)
permet la conception et la fabrication de véhicules de segment C, D et SUV.
Elle parait la plus appropriée à notre approche. L’accès à cette plateforme
induit la mise à disposition des moteurs, boîtes de vitesses, transmissions,
suspensions, etc.…
è Concernant la mise à disposition de capacités de
production dans les usines françaises, l’établissement de la Janais à Chartres
de Bretagne est un site adéquat pour produire, en sus d’un véhicule PSA, un
véhicule chinois conçu et fabriqué en France.
·
L’axe style :
intervention des équipes marketing, style et méthodes de PSA auprès des équipes
chinoises pour concevoir ce véhicule.
·
L’axe formation : formation des équipes chinoises présentes sur le site de la Janais à
divers étapes des process, notamment industriels : Lean management,
démarche qualité, maintenance, etc … Les équipes chinoises qui travaillent sur
la commercialisation seraient initiées aux techniques de marketing, vente de
véhicules neufs, de véhicules d’occasions et l’exploitation du service
après-vente, ainsi que la gestion des pièces de rechange.
·
L’axe commercial :
o
cession de la
propriété d’une marque non utilisée actuellement par PSA,
o
commercialisation
en Europe de ce véhicule et ses variantes au travers du réseau Peugeot et/ou
Citroën selon le schéma utilisé par Renault en France pour sa marque Dacia.
En conclusion, le contenu
pourrait être élaboré très rapidement avec les équipes de PSA. Il y aurait
également un autre effet potentiel pour PSA. En effet, si le partenaire
pressenti est un industriel, il sera possible d’étudier aisément l’opportunité
de plateformes low-cost à destination de l’Asie et de l’Amérique du Sud (Brésil
notamment).
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Nous sommes conscients que les
actuels dirigeants du groupe n’auront que bien peu d’égards pour un tel
scénario qui ne vient pas d’eux. Mais de quelles marges de manœuvre
disposent-ils en réalité ? En effet, dans l’actuel contexte, l’avenir de
PSA - La Janais pourrait bien se décliner selon 4 scénarii possibles :
Le scénario 1
Þ
Ce serait l’aboutissement
d’un accord avec Dong Feng qui entre au capital de Peugeot SA à hauteur de 30%.
Tel que décrit dans la presse économique de ces
dernières semaines, un accord industriel s’en suivrait pour construire des
véhicules low-cost en Chine sur une plateforme du consortium d’Etat Dong Feng à
destination du Sud-Est asiatique.
La conséquence pour les usines françaises
pourrait-être la suivante : A moyen terme, compte tenu des pertes de
marchés de PSA en Europe qui entraînent manifestement une sous-utilisation
durable des capacités de production, ce sera la fermeture de 2 usines
terminales, outre le contrôle par le Gouvernement Chinois ([3]) de
PSA…
Le scénario 2
Þ
Ce pourrait-être
la prise de contrôle de PSA par l’Etat français à travers une participation
majoritaire à la suite d’une cessation de paiement et par conséquent un dépôt
de bilan. Ce serait la situation identique à ce qui s’est produit en 2009 aux
Etats-Unis pour General Motors et Chrysler.
Dans ces conditions, les surcapacités de production
en France entraîneront la fermeture d’une usine terminale et des réductions de
capacités, c’est à dire d’effectifs dans les usines restantes si on privilégie
la dimension sociale de la crise dans le groupe PSA.
Si la dimension économique est privilégiée plutôt que
le social, tel qu’aux Etats-Unis en 2009, ce sera la fermeture d’un site
supplémentaire.
A terme, s’il n’y a pas de changement de stratégie
chez PSA, il pourrait y avoir un nouveau dépôt de bilan.
Le scénario 3
Þ
C’est l’absence
d’un changement par rapport à la situation actuelle. Nous assisterons à un
statut quo pour quelques mois encore. Il est probable que la fermeture de 2
sites deviendra inéluctable après les ventes de Faurecia et de la Banque PSA Finances ;
ceci compte tenu de l’ampleur de la dette. Une recapitalisation par l’Etat
deviendra alors nécessaire pour éviter un dépôt de bilan… mais pour aller
où ?
Le scénario 4 (mission Gailong / Ville de Chartres
de Bretagne)
Þ
Notre proposition
est celle qui pourrait permettre d’espérer le maintient des emplois industriels
en France, sous réserve d’une prise de participation de l’Etat et d’un allié (3 milliards d’euros)
permettant ainsi d’alléger les dettes et d’engager une inflexion déterminante
de la stratégie de PSA. Elle passera par un changement de gouvernance. Nous
n’excluons personne dans un tel tour de table, pas même un consortium financier
tel que Dong Feng pour restructurer le haut de bilan. Ensuite, nous préconisons
la mise en place d’un ou des projets en joint venture ou « JV » sur
le territoire national avec des constructeurs asiatiques.
Notre approche du problème aujourd’hui posé par la
situation critique de PSA a l’avantage d’adopter une stratégie d’emblée proactive
dans un processus de mondialisation de l’économie ; processus qui d’aucune
façon ne peut maintenant revenir en arrière.
Pour enrayer la crise financière
et industrielle du groupe dont on s’interroge encore sur le terme, l’Etat va
très probablement entrer au capital de PSA. Dans ces conditions, il s’imposera qu’il prenne très
précisément toutes ses responsabilités pour établir un nouveau modèle
industriel. Ce fut la démarche choisie par l’Etat américain en 2009
lorsqu’il a sauvé les constructeurs General Motors et Chrysler promis à la disparition.
Si l’Etat arrive au capital, ce ne peut être accepté que pour changer le destin
d’un groupe à la peine pour ne pas dire à la dérive depuis 10 ans. Ce devra
être avec une stratégie construite sur les bases d’une véritable expertise,
indépendante des actuels responsables de la dégradation de la filière de
construction automobile française. Au-delà de leur différence avec l’actuelle
situation, de tels choix industriels devront intégrer la réalité du marché
européen, tel que nous en avons développé les lignes essentielles dans le livre
blanc de l’ACSIA. Entre autres, il conviendra de mieux prendre en compte la
situation de retournement économique en cours chez les « émergents ».
De tels faits géoéconomiques qui se déroulent aujourd’hui à l’échelle
internationale donnent une toute autre perspective aux politiques de ré-industrialisation
possibles en Europe, en France et naturellement pour l’usine de Chartres de
Bretagne.
C’est dans cette optique que
le Conseil Municipal a accompagné très activement la proposition
et / ou contribution exposée pour envisager un projet d’alliance
industrielle originale avec l’usine d’assemblage de notre commune.
Je me réjouis que la mission
Gailong international, commandée par la Ville de Chartres de Bretagne ait pu
retenir l’attention du Ministre de l’économie le 25 novembre dernier et bien plus
encore celle du Premier Ministre, le 5 décembre 2013 à l’occasion de leurs
visites respectives à Pékin pour développer des coopérations industrielles
entre la France et la Chine. Aujourd’hui, la coopération automobile est inscrite
en bonne place. Nous en sommes totalement satisfaits.
Monsieur le Premier Ministre
Jean-Marc Ayrault, très conscient de la gravité de la crise qui frappe toute la
Bretagne industrielle a exprimé ses encouragements à Monsieur Hervé Cayla pour
avancer dans cette voie. Nous nous en félicitons tout particulièrement.
Toutefois, pour aller plus
loin, j’ai précisé au conseiller du Président de la République qui m’a reçu le
19 novembre dernier qu’il convenait de lever très vite deux conditions
préalables à la poursuite de notre recherche de partenariats industriels. Il
s’agit d’une part du soutien explicite de l’Etat à notre démarche et d’autre
part de l’acceptation du projet par les personnes qui comptent toujours chez
Peugeot-SA. Mais convenons-en, leur position de faiblesse bien avérée les met
dans une situation de meilleure disponibilité à l’égard de toute proposition,
telle que nous formulons celle-ci.
Pour conclure, il est évident
que nous laissons dorénavant le Gouvernement seul juge pour voir comment
aborder ces deux questions préalables dans les jours à venir.
Pour nous, rappelons que l’enjeu
essentiel reste d’abord de préserver le site industriel de la Janais à Chartres
de Bretagne dans sa vocation liée aux industries de la mobilité. C’est d’autant
plus indispensable que les entreprises de la commune de Chartres pourraient
très prochainement bénéficier d’accompagnements financiers et fiscaux
exceptionnels. Ces dispositions vont être soumises à la commission européenne
dans le contexte des régimes dérogatoires octroyés dans le périmètre des
« zonages AFR » (Actions à Finalité Régionale). Au-delà de la fiscalité
foncière chartraine déjà la plus avantageuse de l’agglomération rennaise, il
s’avère que dans ces conditions, la question n’est pas d’accueillir des
activités par simple effet d’aubaine en générant des distorsions de concurrences
déloyales en proximité, mais bien de redonner un sens et de la cohérence aux
activités complémentaires à l’industrie en place et qui pourraient venir s’implanter
sur le site de la Janais. Je précise que jusqu’à cette date, c’est encore un
sujet qui relève de la responsabilité des élus territoriaux et notamment de
celle du Maire, seul responsable en droit du bon respect des règles d’urbanisme
dans sa commune.
Parce que la crise n’est pas
nouvelle à la Janais, dès 2010 j’avais proposé la mise en œuvre d’un grand projet
logistique dédié au soutien des entreprises industrielles régionales. A
l’époque, il n’avait pas motivé PSA, comme l’agglomération… Ce projet à toujours
du sens sur une telle plateforme et nous le soutiendrons en coopération étroite
avec Rennes Métropole qui portera logiquement le dossier. En outre, à propos du
sujet des véhicules électriques qui en est toujours au stade de la simple
évocation et concernant de possibles fabrications par le groupe Breton Bolloré,
nous encouragerons l’initiative. Je me souviens encore de l’époque où PSA ne souhaitait
surtout pas accueillir un projet de cette nature lorsque que le Président du Conseil
Régional, Jean-Yves Le Drian avait avancé cette piste en 2010. Il s’agissait de
réfléchir aux diversifications dans le champ du concept de « l’automobile
du futur ».
Le 12 septembre 2013, le
Président de la République a lancé un chantier ambitieux mais vital pour le
pays. Il s’agit des « 34 plans de reconquête pour dessiner la France
industrielle de demain ». Nous retrouvons dans ce document fondateur s’il
en existe vraiment un, le sujet de la conception / vision de l’usine
du futur, comme celui du défi de la voiture écologique avec le véhicule à 2
litres de consommation aux 100 kilomètres. Ce sont autant de projets dans lesquels
nos compétences présentes sur les territoires de l’Ouest disposent d’un
véritable sens de l’anticipation pour les porter de l’avant. C’est ainsi que
nous devons progresser et sachez chers collègues que la Ville de Chartres sera
toujours au rendez-vous pour soutenir et accompagner ces initiatives fortes et
ambitieuses.
Notre stratégie actuelle
consiste « à tenir » pour préparer les étapes suivantes que nous
espérons autrement plus satisfaisantes et prospères. Il ne s’agit surtout pas
de nous laisser entraîner dans la spirale d’un déclin sans issue. Dans le pacte
d’avenir pour la Bretagne signé le 13 décembre dernier, il n’est pratiquement
pas fait état de la situation de la filière automobile Régionale. Je demande à
ce que ce secteur stratégique et emblématique pour l’économie brétillienne soit
inscrit au plus vite dans les programmes de développement à financer.
L’effort de tous et l’implication
de chacun d’entre nous pour dépasser les lourdes contraintes de la crise
constituent les fondements de notre engagement auprès de l’industriel, des
Chartrains et Bretilliens.
([3]) Dong Feng est une filiale à 100% de la société financière
de l’Etat Chinois : la SASAC.