jeudi 6 décembre 2012

Bilan morose

En cette fin d’année, il nous est permis de faire un état des lieux de la situation économique et sociale en France. Personne ne le contestera : le bilan est morose pour ne pas dire préoccupant. La crise perdure et rien n’incite à l’optimisme. Les annonces de suppression d’emplois viennent de toutes parts et la faiblesse du pouvoir d’achat n’autorise aucune perspective de reprise à court terme.
Fait aggravant, l’extension de la crise aux nouveaux pays industriels de l’Europe centrale et orientale devient de plus en plus perceptible. Avec de très faibles coûts du travail, ils ont bénéficié de la délocalisation de nos industries. Toutefois, leur marché intérieur reste dérisoire, faute de pouvoir d’achat significatif. En réalité, ces pays ne se développent qu’en exportant vers l’Europe de l’Ouest et du Sud. De notre côté, la situation d’endettement, tant public que privé selon les politiques des états, n’autorise plus à laisser perdurer de telles relations économiques : « à eux de produire et nous de consommer »
Cette « belle mécanique » est aujourd’hui cassée. Une chose est certaine : l’industrie automobile en paie le plus lourd tribut. Quel est le modèle envisageable pour demain ?
Malgré la crise, nos vieux pays disposent encore d’un potentiel productif et de compétences. Seulement, nos entrepreneurs doivent investir pour retrouver des niveaux de productivité acceptables. Faute de quoi, les décideurs économiques se rabattront fatalement sur la seule alternative qui consiste à réduire le coût du travail. C’est une évidence : les groupes industriels n’ont plus aucuns moyens financiers pour réaliser sans aides publiques leurs investissements d’avenir. En effet, les disponibilités en fonds propres sont au plus bas en comparaison à la situation du début des années 2000. Et malgré quelques déclarations en forme de sursaut d’honneur, les dirigeants savent très bien qu’ils ont définitivement perdu toute latitude d’indépendance stratégique. D’où leur recherche de partenariats capitalistiques très risqués tel qu’on l’a vu avec General Motors. L’actualité montre également que les sollicitations de garanties par l’Etat, ou encore la demande de subventions auprès des collectivités locales sont de retour. Souhaitons seulement que les appels au soutien public soient envisagés selon de nouvelles règles de partenariat ou mieux : de paritarisme.
En effet, il s’impose que l’argent des contribuables soit engagé avec des modalités autrement plus transparentes et qui permettent de construire un vrai dialogue dans le temps entre toutes les parties prenantes concernées par les défis technologiques et industriels de demain. Le gouvernement doit se déterminer très clairement et rapidement à ce sujet.
Philippe BONNIN
Maire de Chartres de Bretagne
Vice-président du Conseil général d’Ille-et-Vilaine