Fait aggravant, l’extension de la crise aux nouveaux pays industriels de l’Europe centrale et orientale devient de plus en plus perceptible. Avec de très faibles coûts du travail, ils ont bénéficié de la délocalisation de nos industries. Toutefois, leur marché intérieur reste dérisoire, faute de pouvoir d’achat significatif. En réalité, ces pays ne se développent qu’en exportant vers l’Europe de l’Ouest et du Sud. De notre côté, la situation d’endettement, tant public que privé selon les politiques des états, n’autorise plus à laisser perdurer de telles relations économiques : « à eux de produire et nous de consommer »…
Cette
« belle mécanique » est aujourd’hui cassée. Une chose est certaine :
l’industrie automobile en paie le plus lourd tribut. Quel est le modèle
envisageable pour demain ?
Malgré
la crise, nos vieux pays disposent encore d’un potentiel productif et
de compétences. Seulement, nos entrepreneurs doivent investir pour
retrouver des niveaux de productivité acceptables. Faute de quoi, les
décideurs économiques se rabattront fatalement sur la seule alternative
qui consiste à réduire le coût du travail. C’est une évidence : les
groupes industriels n’ont plus aucuns moyens financiers pour réaliser
sans aides publiques leurs investissements d’avenir. En effet, les
disponibilités en fonds propres sont au plus bas en comparaison à la
situation du début des années 2000. Et malgré quelques déclarations en
forme de sursaut d’honneur, les dirigeants savent très bien qu’ils ont
définitivement perdu toute latitude d’indépendance stratégique. D’où
leur recherche de partenariats capitalistiques très risqués tel qu’on
l’a vu avec General Motors. L’actualité montre également que les
sollicitations de garanties par l’Etat, ou encore la demande de
subventions auprès des collectivités locales sont de retour. Souhaitons
seulement que les appels au soutien public soient envisagés selon de
nouvelles règles de partenariat ou mieux : de paritarisme.
En
effet, il s’impose que l’argent des contribuables soit engagé avec des
modalités autrement plus transparentes et qui permettent de construire
un vrai dialogue dans le temps entre toutes les parties prenantes
concernées par les défis technologiques et industriels de demain. Le
gouvernement doit se déterminer très clairement et rapidement à ce
sujet.
Philippe BONNIN
Maire de Chartres de Bretagne
Vice-président du Conseil général d’Ille-et-Vilaine