À l’occasion du sommet mondial de Paris dédié à l'intelligence artificielle, les 10 et 11 février, il a été annoncé des investissements par dizaines de milliards d’euros pour disposer de très grandes capacités de stockage et gestion des données numériques. Il s’agit des data centers. Le traitement numérique nous concerne tous : des entreprises aux particuliers dans la vie quotidienne, tant personnelle que professionnelle. Un constat cependant : si les data centers sont devenus des infrastructures incontournables, paradoxalement ils restent encore décriés par ceux là mêmes qui en font très certainement le plus grand usage.
Les datas, ce sont des milliers d’emplois pour leur implantation / construction, la maintenance, la sécurité et le renouvellement des processeurs au gré des évolutions, performances et innovations. Certaines activités de recherche fondamentale et stratégique, comme de défense justifient des dispositifs de très haute sécurité. Ils mobilisent ainsi une gestion indépendante des données numériques. Mais en réalité, ce n’est là qu’une infime partie des besoins. La digitalisation des process techniques de production, comme celle des services, représentent une demande récurrente et croissante, en termes de gains d’efficacité et de productivité dans une économie concurrentielle mondialisée.
En outre, nul ne doit ignorer que les futurs datas seront au cœur de la révolution quantique. En effet, de par la complexité absolue de la maîtrise des technologies quantiques ou photoniques, ces ordinateurs seront intégrés au sein même des datas et non pas dans les entreprises, laboratoires ou institutions. À la veille d’une nouvelle révolution numérique, être à proximité de ces datas va s’avérer un atout économique majeur.
La carte des implantations qui nous assurent la gestion des données numériques reste vierge en ce qui concerne la Bretagne et l'agglomération rennaise … Pour autant, nul n'ignore leur importance, comme la qualité des laboratoires, entreprises et institutions qui se développent au cœur de l'économie digitale. Les enjeux de l'écosystème numérique rendaient notre candidature incontournable. Nous regrettons le silence des acteurs politiques et institutionnels économiques locaux. Pour autant, nous n'avons pas été sans être sollicités par des opérateurs internationaux, en vue d’accueillir de tels projets. Les propositions que nous avions formulées cochaient toutes les cases, même celle de l’incontournable valorisation thermique dans les réseaux de chaleur déjà en place. Certes, l’accueil des data centers entraîne une consommation foncière somme toute relative, et électrique substantielle. Mais en réalité, cette dernière reste très en deçà des usages dédiés à la mobilité ([1]).
Sommes-nous donc condamnés à rester sur le quai du progrès économique et par conséquent social, faute de discernement et de vision stratégique claire ? L’esprit qui présida au miracle économique breton des années 60 n’est manifestement plus d’actualité …
[1] - En 2021, la consommation de carburant routier sur le territoire français a été de 45,8 milliards de litres. Suivant une répartition de 50 % en essence [10 KWH énergie / litre] et 50 % gasoil [8,9 KWH énergie / litre] (transports marchandises compris). Cette consommation énergétique représente donc 432,81 milliards de KWH, soit 432,81 Téra WH arrondi à 433 TWH énergie.
A titre de comparaison, nous présentons le tableau suivant :
Consommation électrique de la France 445 TWH en 2023
Consommation de carburant routier en France 433 TWH en 2021
Consommation électrique ferroviaire en France 6 TWH (SNCF seulement) [*]
Consommation électrique data centers en France 15 TWH (25 % du numérique total) [*]
[*] Publications de 2024