À partir des années 2006 et suivantes, le potentiel industriel chartrain s’est considérablement réduit. Avec des capacités productives aujourd’hui recomposées, nous espérons que le rebond soit durable, malgré les actuelles contraintes d’approvisionnement en composants électroniques et matières premières indispensables. C’est le cas pour nos industries présentes à Chartres de Bretagne ; qu’il s’agisse de la construction automobile, comme des équipementiers électrotechniques.
La crise sanitaire qui perdure, comme les bouleversements géopolitiques qui découlent de la guerre en Ukraine peuvent à tout moment déstabiliser notre économie industrielle des plus dépendantes des marchés internationaux. En outre, les actuelles mises en cause par la Chine de la souveraineté de Taïwan, premier fabricant de semi conducteurs au monde est un point de crispation géopolitique supplémentaire pour toute l’économie planétaire.
Durant ces 15 dernières années, nous avons traversé des périodes particulièrement difficiles à Chartres de Bretagne. Celles-ci relèvent pour l’essentiel de dérèglements économiques dont la pensée néolibérale porte aussi toute sa part de responsabilités. Je citerai entre autres les délocalisations. Dès 2008, nos mises en garde, nos alertes par anticipation à propos des crises industrielles survenues ultérieurement avec toutes leurs conséquences sociales, n’ont pas toujours été bien reçues chez les « décideurs ». Nous avons été confrontés à de véritables carences de lucidité, voire de discernement de la part des acteurs publics … Chez d’autres, ce fut le constat d’une évidente détermination à nier la réalité jusqu’à la dernière limite. Ainsi, nous retiendrons que la capacité d’anticipation en est restée au stade du discours.
S’agit-il donc de ce principe récurrent qui fait état d’une certaine forme d’inaptitude à prendre les bonnes décisions au bon moment ?
Les sept dernières années que nous venons de traverser correspondent à la démonstration regrettable d’un immobilisme absolu pour appréhender l’avenir de l’économie productive du pays, mais aussi de notre propre territoire communal.
En ce début d’année, il m’a été demandé de formuler un avis sur les perspectives économiques et financières de la commune. Pour cela, j’ai repris le propos introductif du contrat signé en 2018 avec le Préfet au titre de la maîtrise de la dépense publique. Il s’agissait de la libération à partir de 2012 de bâtiments industriels sur le site chartrain de « La Janais » avec toutes ses conséquences. Parmi celles-ci, il y a la réduction significative de nos recettes provenant des bases de foncier bâti, en l’absence d’accueil de nouvelles activités.
Durant cette décennie passée, la désaffectation de l’immobilier industriel sur le site de La Janais s’est poursuivie. De plus, il nous faut regretter la perte du potentiel de sous-traitance et d'ingénierie relative à l’industrie des mobilités dans les bassins d’emplois proches du nôtre.
Le sujet des stratégies de développement économique, destinées à l'accueil d'entreprises en mesure d'introduire des technologies de rupture dans nos écosystèmes, n'est que rarement présent. Seules des approches prospectives, disposant d’une capacité d'évaluation des innovations émergeantes, puis de prospection proactive seraient en mesure d'impulser de nouvelles initiatives à traduire en projets.
À l’heure actuelle, nous sommes confrontés à une économie sans véritables leviers de croissance au service des chaînes de valeur technologiques d’avenir. Ce sont les véritables facteurs de toute attractivité territoriale.
Notre enjeu, c’est de concevoir de nouveaux outils opérationnels de développement économique et social pour maîtriser le temps d’après.
Philippe Bonnin, Maire