En
application des dispositions de l’article L. 2121-29 du Code Général des
Collectivités Territoriales (alinéa IV), le Conseil Municipal émet des vœux sur
tous les objets d’intérêt local. La question du changement climatique en est
un.
Le
31 octobre 2017, l’Organisation des Nations Unies alertait solennellement les
institutions étatiques sur l’écart « considérable » qui existe entre
les engagements gouvernementaux et la baisse réelle des émissions de gaz à
effet de serre. Les engagements de réduction d’émissions à l'horizon 2025 –
2030, présentés par les Etats à la Conférence de Paris fin 2015, devraient
laisser la température filer jusqu’à de 3°C d’ici à 2100. Pour rester sous les
2°C, il faudrait tout au plus émettre 41,8 milliards de tonnes (ou giga
tonne - Gt) en équivalent CO2 en 2030, contre 51,9 Gt en 2016,
c’est à dire une baisse de 20 %. Enfin, si les pays s’en tenaient à leurs
engagements présents, il serait encore produit 52,8 Gt en 2030.
Le
réchauffement climatique provoquera des phénomènes catastrophiques
(sécheresses, canicules, inondations, ouragans, …) qui entraîneront des
bouleversements agricoles, économiques et politiques ; des déplacements de
population, des famines et le décès par millions de personnes. Il ne concernera
pas seulement des pays lointains, mais également l’Europe. Que se passera-t-il
si des centaines de millions d’hommes et de femmes sont contraints de quitter
leur terre, devenue inhospitalière ou invivable ? A moyen terme, c’est la
paix mondiale et l’avenir de nos civilisations qui sont cause.
Dans
un tel contexte critique, nous sommes appelés à réduire drastiquement et très rapidement,
nos émissions de gaz à effet de serre.
Alors
que le Président des Etats-Unis a décidé de retirer son pays de l’Accord de Paris,
l’Europe doit impérativement démontrer au monde qu’il est possible de diviser
par 4, voire 5 ses émissions de gaz à effet de serre tout en créant massivement
des emplois. En tant qu’acteur historique de l’industrialisation des modes de
production et ensuite de la mondialisation des échanges de ressources et de
biens, il est fondamental que l’Europe entreprenne sa troisième révolution
industrielle. Elle doit être attentive :
- aux limites biophysiques de la planète,
- à la prise en compte des vulnérabilités liées à un environnement dont d’insalubrité chronique explose
- et aux besoins financiers des pays du Sud pour mener leur propre mobilisation contre le réchauffement climatique.
Le
collectif Climat 2020 pour un Pacte finance-climat européen réunit des citoyens
de tous milieux sociaux, des femmes et des hommes politiques de tous bords, des
responsables d’entreprises et des syndicalistes, des intellectuels et
universitaires, des salariés, des demandeurs d’emploi, des paysans, des
artistes et des artisans ; des responsables associatifs engagés sur de
multiples terrains d’actions. Tous sont convaincus de la responsabilité
particulière de l’Europe à l’égard des défis que devra affronter l’humanité,
bien avant le terme de ce siècle.
Il
s’impose que nous mobilisions toutes nos connaissances technologiques à cette
fin, tant à l’échelle locale qu’internationale. Il nous faut soutenir toutes
les réponses claires, constructives et hors de toute ambiguïté. C’est le sens
de notre vote lors du Conseil Municipal du 24 septembre 2018.
Avec
tous les signataires de cet appel, nous demandons solennellement aux chefs
d’Etat et de Gouvernements européens d’établir au plus vite un « Pacte
finance-climat » qui assurerait pour les 30 prochaines années les besoins
de financement à la hauteur des enjeux destinés à conduire la transition
écologique et solidaire en Europe et à renforcer les partenariats avec les pays
de l’hémisphère Sud.
Nous
demandons à ce que la responsabilité financière et monétaire de la Banque
Centrale Européenne (BCE) soit mise au service de la lutte contre le
dérèglement climatique. Il ne sera pas de trop de mobiliser 1 000
milliards d’euros au moyen d’un emprunt porté par la BCE ainsi que
l’instauration d’un impôt européen sur les bénéfices (de l’ordre de 5%), dédié
à la constitution d’un fond équivalent (1 000 milliards d’euros). Il
s’impose de dégager un budget indépendant et conséquent pour :
- investir dans la recherche et les technologies alternatives
- et lutter ainsi contre le réchauffement climatique, en Europe, sur le pourtour méditerranéen, en Afrique et en Asie du Sud.
Il
en va également des véritables emplois qui contribueront enfin à l’intégration
de tous dans nos pays du Nord comme du Sud.
Au
travers de ses différents projets et initiatives, comme le festival
« j’agis pour ma planète » du 28 et 29 septembre 2018, la commune de
Chartres de Bretagne a décidé de renforcer son implication dans la lutte contre
le dérèglement climatique.
Comme
pour toutes nos collectivités locales et principalement les communes au plus
près des populations, le Pacte finance-climat doit nous permettre d’assurer les
indispensables financements destinés à accélérer tous les engagements
prioritaires pour une transition énergétique efficiente.
C’est un enjeu majeur d’insertion et de cohésion sociale dans un monde
fragilisé par les crises économiques, la montée des inégalités et des ravages
écologiques au nom de la seule rentabilité financière.