mardi 3 mai 2016

La fin de l'agence de développement d'Ille et Vilaine Idéa-35



Lors de la session des 27 et 28 avril 2016 du Conseil Départemental d’Ille et Vilaine, la conclusion du débat sur les conséquences de la loi « NOTRe » ([1]), aura permis d’acter la fin de l’Agence de développement économique Idéa-35.

Les réformes territoriales mises en œuvre à la hâte depuis 2014 et sans véritable concertation avec les élus locaux, n’en finissent pas de démanteler nos politiques de développement et de solidarité territoriales. Le Département d’Ille et Vilaine n’échappera donc pas à l’application de la loi.
La mise en œuvre de la loi « NOTRe » met un terme à la compétence économique des départements. Pour autant, les Régions, les Intercommunalités, mais également les chambres consulaires, seront-elles en mesure de poursuivre les missions des agences de développement ou plus antérieurement des comités d’expansion économiques, créés dans les années 70 ?
Force est de constater que ce ne sera pas le cas.
Les élus des exécutifs en charge de ces dossiers vont bien évidement nous rassurer.
Leur bonne foi n’est certes pas mise en cause lorsqu’ils déclarent avoir « tout fait pour qu’il n’en soit pas ainsi ». Naturellement, ils vous certifieront tous que le défi de la continuité des missions de l’agence Idéa-35 était au centre de leurs discussions avec les autres collectivités « compétentes » (Région et intercommunalités). L’objet de ces négociations était assurément de garantir l’avenir et donc le financement de l’action économique dans un nouveau contexte de « gestion territoriale » … Mais rien n’y a fait ; personne n’a voulu prendre le relais … et Idéa-35 cessera prochainement ses activités. Quelle surprise donc !
Pourtant, s’il est un sujet d’importance dans la période que nous traversons, c’est bien celui du redressement de l’économie et par conséquent de la création d’emplois en adéquation avec l’évolution des services, des technologies et des nouvelles compétences qui en découleront.
Depuis trois décennies, l’action d’Idéa-35 au service du développement des territoires d’Ille en Vilaine est systématiquement plébiscitée par tous … La force d’Idéa-35 a toujours été d’agir au plus près de chacun des bassins de vie. Telle est sa « marque de fabrique » ; et qui osera dire que ce n’est pas la bonne option !

Le débat n’est hélas plus de savoir si les élus du Département en charge de « l’équilibre des territoires et de la solidarité » au sein et entre les bassins d’emploi, pourront encore agir de manière pertinente, alors qu’il leurs est retiré le droit à intervenir dans le champ du développement économique. La réforme est bel et bien engagée.
C’est pourtant avec l’ensemble de ces leviers qu’on peut réellement impulser les initiatives indispensables qui garantissent la pérennité et la diversité des activités dans un Département riche de ses nombreux pôles d’équilibre.

Pour avoir présidé le conseil de surveillance d’Idéa-35 de 2011, je sais la qualité et la motivation de l’équipe pour prospecter de nouvelles entreprises, conseiller sur toutes les filières d’excellence et concevoir l’ingénierie des partenariats, ainsi que la recherche des financements qui permettent de déboucher sur les montages de vrais projets opérationnels. C’était aussi le sens de notre politique départementale, lorsque nous avons lancé à partir de 2011 le « Pacte Productif et Social » départemental, dédié à l’engagement de grands projets économiques et stratégiques pour l’avenir.

Puisque nous en sommes à l’heure du bilan d’Idéa-35, je tiens à saluer la démarche de coopération collégiale qui présidait au sein de l’agence. Elle nous a permis d’avancer efficacement, grâce ce consensus entre tous les acteurs investis quotidiennement au chevet du Département d’Ille et Vilaine depuis des années : élus, responsables économiques et collaborateurs de l’agence.
Qu’ils soient tous fiers d’un bilan des plus élogieux.
Aujourd’hui, nous sommes confrontés à l’erreur d’appréciation manifeste du législateur. Écarter l’échelon départemental de la conduite de toutes ces actions de proximité, comme à plus grande échelle, en faveur de l’économie des territoires n’est pas une solution pour la relance économique attendue. Il n’est pas permis d’en douter : l’animation économique n’est sous aucune forme étrangère aux enjeux de la solidarité et de la cohésion sociale.
Enfin, faut-il rappeler que pour chaque commune et intercommunalités, le Département et son agence de développement ont été de précieux soutiens. Le futur modèle est incertain parce qu’on a détruit aveuglément ces organisations d’appui au développement local, sans vouloir analyser et comprendre l’opérationnalité des logiques en place.
Les conditions d’un passage à vide pour l’économie dans les territoires les plus éloignés des grands pôles rendus autonomes par la loi MAPTAM ([2]) sont d’ores et déjà réunies ([3]).
 Philippe BONNIN


[1] - Loi « NOTRe » : Nouvelle Organisation Territoriale de la République

[2] MAPTAM : Loi de Modernisation de l'Action Publique Territoriale et  d'Affirmation des Métropoles

 [3] Une analyse relative à la fracture entre les territoires est téléchargeable via le présent lien              http://pdf.lu/dS6x