Les rumeurs persistantes de négociations entre la
direction de Peugeot-Citroën, le consortium chinois Dongfeng et maintenant le
Gouvernement français, semblent à priori montrer l’urgence pour le groupe PSA
de trouver une solution pérenne à la crise financière qu’il traverse. Personne
ne doute qu’il s’agisse d’un préalable à toute évolution tangible de sa
stratégie industrielle.
En juillet 2012, le Ministre de l’économie, de même
que la Direction de PSA contestaient vivement toute nécessité de trouver des
solutions financières avec la contribution d’aides publiques. Force est de
constater que le sujet a bien évolué depuis… Présent à hauteur de 15% dans le
capital de Renault et peut-être plus demain chez Peugeot-Citroën, il s’avère
que l’Etat ne peut plus se soustraire à l’élaboration d’un véritable plan
stratégique de filière, lisible et ambitieux.
Dans les pourparlers
Dongfeng / PSA / Gouvernement français, l’avantage de Dongfeng :
c’est de dire où il va et de savoir comment y arriver. « China Daily »,
organe proche du gouvernement Chinois déclarait le 9 octobre dernier que si le
groupe chinois « veut s’assurer d’un
avenir stable pour sa coentreprise Dongfeng-Peugeot-Citroën-Automobile, il lui
est indispensable d’être maintenant présent au capital de son partenaire ».
Dans le même journal, l’analyste automobile Zhong Shi n’hésite pas à préciser « qu’investir dans son partenaire ne
comporte pas de grands risques pour Dongfeng, puisque que le gouvernement
français soutiendra toujours PSA ; l'une des plus grandes entreprises du
pays… » C’est donc entendu ! Et M. Zhong d’ajouter que « c’est le bon moment pour les constructeurs
automobiles chinois d’investir dans leurs homologues en Europe ».
Enfin, il déclare dans la même interview que « Le prix du malade PSA ne sera pas trop élevé en raison de la
stagnation de l'économie en Europe ».
Finalement, l’intervention de l’Etat apparaîtrait bien
plus comme un appui à l’actionnaire historique qu’est la holding Peugeot devant
l’arrivée au capital d’un groupe asiatique puissant, fondé en 1969 par Mao
Zedong et toujours solidement contrôlé par le consortium public, la SASAC.
Pour la bonne compréhension de chacun et comme
rappelé par nombre d’analystes, il est opportun de préciser que Dongfeng reste
d’abord le champion des alliances industrielles en territoire chinois ; les
Japonais Honda et Nissan, le coréen KIA, le Taïwanais Yulong, Peugeot-Citroën
et bientôt Renault… Par contre, Dongfeng n’est pour ainsi dire jamais sorti de
Chine. Aujourd’hui, son arrivée probable chez PSA change forcément la donne.
En tout état de cause, il est possible que les discussions
évoquées dans la presse permettraient de donner à PSA l’opportunité de disposer
de la trésorerie nécessaire pour se « relancer », ainsi
qu’éventuellement de trouver enfin une position plus solide sur l’échiquier
international de l’industrie automobile.
En ce sens, nous sommes très sensibles à toute réflexion
stratégique qui apporterait les volumes de production indispensables à nos
usines françaises. C’est précisément le cas de la Janais à Chartres de Bretagne,
près de Rennes. En effet, personne n’ignore que cette dernière est aujourd’hui durablement
fragilisée. Nous soutiendrons par conséquent tout projet industriel qui
permettrait au groupe automobile français d’avancer avec un plan de
développement bien établi et structuré.
Aujourd’hui, on nous annonce le transfert des futures
C5 dans l’usine Dongfeng à Wuhan. Même si de telles annonces peuvent encore fluctuer,
il importe que les réponses aux besoins d’un vrai plan de charge à la Janais soient
rapidement communiquées. A ce sujet, nous sommes disponibles pour envisager
toute contribution constructive.
Plus que jamais, les élus de la commune et du
Département sont attentifs à l’avancée des discussions en cours pour appréhender
de nouveaux partenariats. Ils restent mobilisés pour contribuer aux nouvelles
solutions industrielles, conçues dans l’intérêt du redéploiement de la filière
automobile en Ille et Vilaine.
Le 15 octobre 2013
Philippe Bonnin,
Maire de Chartres de Bretagne,
Vice président du Conseil
Général d’Ille et Vilaine,