mardi 15 octobre 2013

A propos des informations concernant l’arrivée de Dongfeng et de l’Etat dans le capital de PSA.



Point de vue
Les rumeurs persistantes de négociations entre la direction de Peugeot-Citroën, le consortium chinois Dongfeng et maintenant le Gouvernement français, semblent à priori montrer l’urgence pour le groupe PSA de trouver une solution pérenne à la crise financière qu’il traverse. Personne ne doute qu’il s’agisse d’un préalable à toute évolution tangible de sa stratégie industrielle.
En juillet 2012, le Ministre de l’économie, de même que la Direction de PSA contestaient vivement toute nécessité de trouver des solutions financières avec la contribution d’aides publiques. Force est de constater que le sujet a bien évolué depuis… Présent à hauteur de 15% dans le capital de Renault et peut-être plus demain chez Peugeot-Citroën, il s’avère que l’Etat ne peut plus se soustraire à l’élaboration d’un véritable plan stratégique de filière, lisible et ambitieux.
Dans les pourparlers Dongfeng / PSA / Gouvernement français, l’avantage de Dongfeng : c’est de dire où il va et de savoir comment y arriver. « China Daily », organe proche du gouvernement Chinois déclarait le 9 octobre dernier que si le groupe chinois « veut s’assurer d’un avenir stable pour sa coentreprise Dongfeng-Peugeot-Citroën-Automobile, il lui est indispensable d’être maintenant présent au capital de son partenaire ». Dans le même journal, l’analyste automobile Zhong Shi n’hésite pas à préciser « qu’investir dans son partenaire ne comporte pas de grands risques pour Dongfeng, puisque que le gouvernement français soutiendra toujours PSA ; l'une des plus grandes entreprises du pays… » C’est donc entendu ! Et M. Zhong d’ajouter que « c’est le bon moment pour les constructeurs automobiles chinois d’investir dans leurs homologues en Europe ». Enfin, il déclare dans la même interview que « Le prix du malade PSA ne sera pas trop élevé en raison de la stagnation de l'économie en Europe ».
Finalement, l’intervention de l’Etat apparaîtrait bien plus comme un appui à l’actionnaire historique qu’est la holding Peugeot devant l’arrivée au capital d’un groupe asiatique puissant, fondé en 1969 par Mao Zedong et toujours solidement contrôlé par le consortium public, la SASAC.
Pour la bonne compréhension de chacun et comme rappelé par nombre d’analystes, il est opportun de préciser que Dongfeng reste d’abord le champion des alliances industrielles en territoire chinois ; les Japonais Honda et Nissan, le coréen KIA, le Taïwanais Yulong, Peugeot-Citroën et bientôt Renault… Par contre, Dongfeng n’est pour ainsi dire jamais sorti de Chine. Aujourd’hui, son arrivée probable chez PSA change forcément la donne.
En tout état de cause, il est possible que les discussions évoquées dans la presse permettraient de donner à PSA l’opportunité de disposer de la trésorerie nécessaire pour se « relancer », ainsi qu’éventuellement de trouver enfin une position plus solide sur l’échiquier international de l’industrie automobile.
En ce sens, nous sommes très sensibles à toute réflexion stratégique qui apporterait les volumes de production indispensables à nos usines françaises. C’est précisément le cas de la Janais à Chartres de Bretagne, près de Rennes. En effet, personne n’ignore que cette dernière est aujourd’hui durablement fragilisée. Nous soutiendrons par conséquent tout projet industriel qui permettrait au groupe automobile français d’avancer avec un plan de développement bien établi et structuré.
Aujourd’hui, on nous annonce le transfert des futures C5 dans l’usine Dongfeng à Wuhan. Même si de telles annonces peuvent encore fluctuer, il importe que les réponses aux besoins d’un vrai plan de charge à la Janais soient rapidement communiquées. A ce sujet, nous sommes disponibles pour envisager toute contribution constructive.
Plus que jamais, les élus de la commune et du Département sont attentifs à l’avancée des discussions en cours pour appréhender de nouveaux partenariats. Ils restent mobilisés pour contribuer aux nouvelles solutions industrielles, conçues dans l’intérêt du redéploiement de la filière automobile en Ille et Vilaine.

Le 15 octobre 2013

Philippe Bonnin,
Maire de Chartres de Bretagne,
Vice président du Conseil Général d’Ille et Vilaine,