lundi 22 juillet 2013

Filière automobile - Lettre au Président de la République et réponse des services.



Monsieur le Président,

Confronté à des difficultés financières sans précédent, voici juste un an le groupe PSA Peugeot Citroën faisait état de sa décision de fermer l’usine d’Aulnay sous Bois et de supprimer quelques 8 000 postes en France dont 1 400 à l’usine de La Janais près de Rennes.

Je souhaite vous alerter sur la situation des plus préoccupantes dans laquelle se trouve le 10ème établissement industriel français (source Usine Nouvelle - juillet 2013), implanté depuis 1960 à Chartres de Bretagne; commune dont je suis Maire depuis 18 ans.
Initiateur et coordonnateur du Livre Blanc de l’Association des Collectivités Sites d’Industrie Automobile -ACSIA- intitulé : « Enrayer le déclin du site automobile France », dès avril 2012 j’ai alerté les pouvoirs publics et tout particulièrement les ministres concernés par la filière automobile. J’ai ensuite réitéré mes sollicitations auprès des ministres de votre gouvernement à la fin du mois d’août dernier.
 
Après les annonces de l’été 2012 dont la justification a été corroborée dans les rapports Sartorius comme SECAFI, et suite au projet d’alliance avec General Motors annoncé en février 2012, le groupe ne s’est toujours pas positionné sur la production d’un nouveau modèle à La Janais, condition préalable à la survie du site de Chartres de Bretagne.
Comme vous le savez certainement, outre la garantie financière donnée à la banque PSA Finance, l’Etat apporte son aide aux jours chômés, via le dispositif de financement de l’activité partielle de longue durée - APLD. La perte des 1 400 emplois, actuellement en discussion, aura un impact considérable sur l’écosystème local. A court terme, ce sont bien plus de 10 000 emplois directs menacés. A fortiori, l’arrêt de la production d’automobiles sur le bassin d’emploi du pays de Rennes amènerait un profond déséquilibre de notre économie en Ille-et-Vilaine. En effet, les possibilités de revitalisation sont extrêmement faibles, du fait notamment de la crise actuelle dans le bâtiment et l’agroalimentaire. Aujourd’hui, les possibilités de ré-industrialisation laissent présager la création de quelques centaines d’emplois seulement. Nous sommes par conséquent très loin du reclassement de l’ensemble des personnels touchés par ce plan de suppression des emplois.
C’est dans cette optique que le Conseil Municipal de Chartres de Bretagne a lancé une grande mobilisation citoyenne pour la défense de notre industrie automobile départementale. A ce jour, quelques 4 500 signatures nous sont revenues. Je vous en remets ce jour la liste. C’est une expression de solidarité encourageante qui doit nous permettre de renforcer notre indispensable détermination pour agir contre ce sentiment de fatalité qui s’installe ici, comme dans le pays, à propos du déclin économique et de l’emploi.
Pour nous, lancer cette mobilisation citoyenne représente aujourd’hui l’ultime façon de retenir votre attention sur la situation très dégradée de l’usine de Chartres de Bretagne et celle de ses sous-traitants dans le département d’Ille-et-Vilaine. Trop d’indices concordent et suscitent nos inquiétudes sur les véritables intentions du groupe automobile, face à l’actuelle situation de crise.
Collectivités et services de l’Etat, nous devons inciter l’industriel à trouver les conditions favorables à la pérennité de ses activités industrielles en France et bien évidemment pour ici en Ille-et-Vilaine.
Depuis des mois, les annonces des dirigeants de PSA ne font que justifier l’analyse des élus locaux :

  • une alliance avec General Motors qui ne donne pas de réelles perspectives,

  • un plan de charge insuffisant de l’usine qui reflète le manque d’investissements depuis plus de 10 ans pour mettre en fabrication des véhicules moins « statutaires » et mieux adaptés à la réalité du marché ; il en découle des surcapacités de production se traduisant aujourd’hui par la perte de rentabilité manifeste de l’usine,

  • enfin, l’absence de positionnement sur un futur véhicule à La Janais.

Convaincus que seule une initiative de grande ampleur pourra remédier au processus de déclin en cours dans la production automobile française, nous sommes porteurs de solutions stratégiques dont nous souhaitons vous faire état. Sous ma responsabilité, nous avons développé plusieurs options envisageables dans le Livre Blanc de l’ACSIA. Mais au-delà, il s’agit de vous faire part de nos propositions industrielles destinées à La Janais et des opportunités que le groupe PSA lui-même pourrait saisir, vu la situation incontrôlable dans laquelle il se trouve aujourd’hui.
A cet effet, je vous sollicite, Monsieur le Président, de sorte que vous receviez au plus vite une délégation d’élus et de représentants des salariés dans le but de débattre et travailler sur l’avenir concernant l’usine de La Janais dont le savoir-faire industriel des salariés a été et reste toujours largement reconnu.
Dans l’attente de notre entretien, je vous prie de recevoir, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération

                                                                                               Philippe Bonnin,
                                                                                     Maire de Chartres de Bretagne



Note sur la réponse des services de la Présidence de la République


Philippe Bonnin

Madame, Monsieur,

Vous avez suivi la mobilisation dont le Conseil Municipal de Chartres de Bretagne avait pris l'initiative en juin 2013. Il s’agissait de solliciter le Président de la République sur la situation préoccupante de l'usine PSA à Chartres de Bretagne. Je remercie toutes les communes d’Ille et Vilaine et les nombreuses personnes qui ont soutenu et signé notre pétition. Celle-ci a recueilli 4 500 signatures.

Le 19 juillet dernier, nous avons adressé notre pétition au Président ainsi que les différents documents d’information relatifs à l’évolution très négative de l’activité et des emplois à l’usine de la Janais à Chartres. Ce sont autant d’informations dont vous avez été destinataires.

Pour votre bonne information, vous retrouverez tous les documents relatifs à notre démarche sur le présent blog ; entre autres nos travaux édités fin juin 2012 pour relancer le « site automobile France » avec l’Association des Collectivités Sites d’Industrie Automobile (ACSIA).

Je remercie très sincèrement Monsieur Jean Louis Tourenne, Président du Conseil Général d’Ille et Vilaine et Madame Marie-Anne Chapdelaine, Députée de la 1ère Circonscription pour avoir relayé sans aucune réserve ma demande d’entretien auprès du Président de la République.

Ce jeudi 12 septembre, j'ai reçu une première réponse de la Présidence de la République, signée du Secrétaire Général Adjoint de l’Elysée, Monsieur Emmanuel Macron.

Il est entre autre stipulé que le Président a bien pris connaissance des documents adressés et qu’il est particulièrement sensible aux raisons qui ont motivées ma démarche en qualité de Maire.

Concernant ma demande explicite pour qu’une délégation d’élus et de représentants des salariés de l’usine de construction automobile de Chartres de Bretagne soient reçus, Monsieur Macron fait état des contraintes d’agenda du Président ; ce dont personne ne peut douter un seul instant.

Notre demande est donc relayée par les services du Président de la République auprès du Ministre du travail et du Ministre du redressement productif, de sorte « qu’ils procèdent à l’examen de notre requête dans les meilleurs délais ».

Je tenais à vous informer de ces dernières évolutions auxquelles j’attache comme vous la plus grande importance et ne manquerai pas de vous communiquer les résultats des entretiens à venir avec les Ministres.

Je vous prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de ma considération la plus sincère.

Philippe Bonnin