samedi 25 octobre 2025

Décentralisation : nouvelle loi ?

Les controverses sur les choix politiques, économiques et plus largement de société n'ont pas fini de susciter des tensions entre les innombrables tenants d'intérêts opposés. Au centre de ces polémiques, le sens du collectif, les échanges collaboratifs et la solidarité ne semblent plus être des maîtres-mots. Les débats, voire les joutes entre parlementaires sont à cet égard une illustration conforme à l’état du corps social. Toutefois, à bien y regarder, la France n’est pas une exception. C’est un phénomène quasi général qui traverse nos démocraties. Les explications font l’objet d’articles et de livres publiés à un rythme tel que nous serions bien en peine de discerner les bonnes solutions.

L’échelon institutionnel de proximité que représentent nos communes serait-il victime de cet état d’esprit ? Du constat des élus, la réponse est positive. Aucun élu local pleinement engagé auprès de ses concitoyens pour assurer plus de solidarité, plus de cohésion entre tous, ne dira le contraire.

À cet égard, les politiques dites de décentralisation, ont-elles permises de conforter les communes dans leurs missions ? Pour une majorité de maires, la réponse est négative si nous nous en tenons aux sondages publiés par la presse dédiée aux collectivités. Tous les gouvernements qui se succèdent nous promettent un « acte majeur de décentralisation ». En réalité, le dernier (2014 et 2015) ne fut qu’une réforme de rationalisation financière d’inspiration dirigiste ([1]). Il a éloigné le citoyen des lieux de décisions en concentrant le pouvoir local autour des centralités urbaines denses et en instaurant un modèle d’intégration au détriment de la coopération au sens étymologique, comme historique. Sur le plan financier, c’est strictement l’inverse qui s’est produit. Nous avons vu émerger des administrations tentaculaires ([2]).

Le Président du Cercle de la réforme de l’Etat, Christian Babusiaux, vient de s’exprimer dans les termes suivants : « Un nouvel acte de décentralisation ne peut se limiter à une redistribution de compétences » (qui fait quoi) « ni d’ailleurs se centrer sur la recherche de la suppression d’un niveau, dont on sait la difficulté ».

Un tel acte « doit nécessairement comporter des questions comme celles des marges de manœuvre financières des collectivités, de la qualité du service rendu aux usagers ou de la responsabilité des acteurs publics devant les citoyens » ([3]). Tout plaide pour renforcer l’échelon communal et respecter le libre choix de coopération en concertation intelligente avec l’État, tutelle directe des maires.

                                                                                Philippe Bonnin


[1] - Réformes Valls.

[2] - Cf les rapports de la Cour des Comptes

[3] - La Gazette des Communes, Départements et Régions - 21 Oct. 2025

 

lundi 8 septembre 2025

Décidément, où est donc passé « l’esprit humain » ?

Le 25 juillet dernier, Jean-François Bouthors, écrivain et éditorialiste à Ouest France faisait état des méthodes de désinformation / manipulation pour inculquer tout un narratif d’idées réductrices, capables d’emporter l’adhésion, sans la moindre prise de recul ou d’analyse critique … « raconter une histoire non seulement convaincante, mais émouvante, qui crée un attachement au produit de sorte qu'on éprouve le besoin de l'acquérir ». Ce sont là des techniques bien connues du marketing. Au gré des années, très insidieusement, ces techniques s’introduisent dans le champ de la politique ; et l’éditorialiste de poursuivre : « Nous vivons à l'heure des éléments de langage et des récits façonnés par des communicants qui distordent, opacifient ou même détournent le débat démocratique ». Dans un contexte si nébuleux, ombrageux, de quels argumentaires bien construits dispose encore chaque citoyen pour se faire une opinion personnelle et mesurée ? Une opinion libérée de la désinformation omniprésente. Pour Jean-François Bouthors, nous en sommes arrivés à un stade ultime, surtout lorsqu’on se réfère aux déclarations, voire diatribes déconcertantes de personnalités telles Messieurs Trump et Poutine (cités par l’auteur), mais également de tant d’autres populistes qui « pullulent » de par le Monde. Le phénomène n’est pas nouveau, mais son ampleur est d’autant plus ravageuse en ces temps de crises sociales et de propagation des informations à un rythme effréné. Toutefois, convenons en, « Tout ce qui est excessif est insignifiant » ([1]) … mais hélas il en reste toujours quelque chose ([2]).

Veillons donc à ce que notre société ne sombre plus avant encore dans tous ces travers toxiques ; qu’il s’agisse des prises de position à propos de la sécurité, la délinquance, l’ostracisme, le racisme, … en proférant des allégations qui relèvent de la manipulation et même certaines fois du « complotisme » … L’intention manifeste a pour but de nuire, d’ostraciser et bannir les faibles de toutes natures et origines ... Ce n’est pas ainsi que nous construirons une société plus humaine, fondée sur nos valeurs déclinées dans la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948. Pourfendre nos politiques publiques en matière de solidarité, de droit au logement, à l’éducation, à la culture … ne peut contribuer à préserver « l’esprit de la citoyenneté dans la cité ».

Ainsi, les communes changent, la nôtre également avec ses particularismes industriels bien réels, et d’enjeux déterminants pour l’économie locale et au delà. Voici déjà plus d’un demi-siècle, les salariés des usines Citroën venaient du monde rural depuis la Bretagne, les Pays de la Loire et la Normandie. À l’heure de la mondialisation, ils arrivent de tous les continents ([3]). Ils représentent le tiers des effectifs dans les usines et ne prennent la place d’aucun. En effet, des générations sont parties et de nouvelles arrivent ; certes différentes. J’ajoute que les industries ont toujours été un facteur déterminant d’intégration sociale. À cet égard, les pourfendeurs de cette réalité, pourtant essentielle à la préservation de nos modes de vie privilégiés ([4]) dans un monde globalisé, n’ont en tout et pour tout que la vision de certains propos de comptoir. Au final, quel rôle jouent réellement ces gens dans une communauté humaine qui nous fait honneur, parce que responsable et solidaire, et telle que nos pères l’ont voulue ? Avec un état d’esprit aussi désolant, promouvoir la nostalgie d’un passé irréel, déformé à souhait … peut-il relever d’un véritable projet de société, résolument tourné vers l’avenir ?

Philippe Bonnin, Maire



[1] - Talleyrand-Périgord (1754 - 1838).

[2] - Inspiré de propos tenus par Voltaire en 1736 : « mentez mes amis, mentez, je vous le rendrai un

    jour » puis interprété par « Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque chose ».

[3] - Schneider, Joncoux, Stellantis, demain Safran et d’autres en réflexion après des années sans

     projet.

[4] - des groupes industriels renoncent à investir, faute de main d’œuvre locale.

samedi 12 juillet 2025

Safran Airfoils s'implante à Chartres de Bretagne

Pose de la 1ère pierre - 11 juillet 2025

L'histoire de l’industrie contemporaine présente à Chartres-de-Bretagne est intimement associée aux choix d'aménagement du territoire national, ainsi qu’à la planification économique, durant les premières décennies d’après guerre. Il s’agissait bien sûr des politiques de reconstruction d’une Europe exsangue.

En juillet 1958 il fut décidé du transfert des usines Citroën alors présentes à Paris - quai de Javel vers Chartres-de-Bretagne. Le périmètre foncier de l’entreprise occupait alors le tiers de notre modeste surface communale qui accueillait tout juste 1 000 habitants.

Dans le contexte de la modernisation / mécanisation de l’agriculture, du développement de l'agro-industrie, de la métallurgie dédiée à la fabrication de biens d'équipement, et la construction automobile très précisément chartraine, nous avons traversé un « âge d'or » reconnu comme tel et que d'aucuns ont aussi appelé le « miracle économique breton » ; lui-même au cœur d'une dynamique plus globale : les « 30 glorieuses ». Naturellement, ce sont des temps révolus depuis justement 3 décennies.

Ainsi notre industrie communale, particulièrement dépendante de marchés cycliques et de plus en plus concurrentiels a dû s'adapter, se moderniser, et plus encore durant ces récentes années : intégrer tous les standards des technologies numériques les plus avancées pour mieux assurer sa pérennité. Ces mutations se déroulent à l’heure actuelle sous l’évidente contrainte d’une mondialisation des marchés dont on connaît les crises récurrentes et l’inéluctable instabilité. Ainsi, nous avons connu des périodes antérieures à la limite des ruptures … Toutefois, en ces heures de satisfactions fort bien justifiées, Je n’aborderai pas les débats, si ce n’est les controverses au cours de toutes ces 15 dernières années à propos de la destinée industrielle de Chartres de Bretagne.

Bien plus qu'antérieurement, il est aujourd’hui acquis qu'il n'y a plus d'avenir économique durable sans une indispensable capacité à accompagner le changement. C’est un changement qui s’opère grâce à la diversification des activités industrielles et à l'évolution des compétences, parfois même à marche forcée au regard de l’urgence environnementale.

À cet égard, le groupe Safran représente à nos yeux une nouvelle et belle opportunité de développement, comme de diversification d'échelle industrielle majeure.

Mesdames, Messieurs les dirigeants du groupe que vous représentez, si le présent défi pour réussir cette implantation vous appartient, il l'est également pour nous en termes d'impératif d'adaptation à vos besoins en moyens et compétences technologiques. J’ai d’ailleurs pu en apprécier l’exigence qualitative et les savoir-faire requis lors de ma visite à Gennevilliers.

Il s'impose à tous que le résultat soit au rendez-vous. C'est un beau challenge. Je vous assure que nous serons à vos côtés pour qu’il soit réussi. Nous avons pu le vérifier, nous partageons la même culture industrielle. Alors, bienvenue dans ces lieux chargés d’histoire ouvrière ; un lieu d’ingénierie qui sait s’adapter, innover et autant que nécessaire se réinventer

 Philippe Bonnin, Maire de Chartres de Bretagne

mardi 1 juillet 2025

Nouveau tournant pour l’économie industrielle chartraine ?

Les habitants qui ont connu les belles heures des usines Citroën savent également ce que fut le choc de la crise survenue en 2008. Elle perdura jusqu’en 2020 … Notre mobilisation, dès la première heure n’a pas été sans obstacles totalement improbables de la part d’acteurs politiques locaux. Étaient-ils déjà devenus insensibles à la réalité d’une culture industrielle et ouvrière, certes récente, issue des grandes migrations agricoles des années 1960 ? À l’époque, nous parlions de « l’exode rural » !

Durant ces 65 dernières années, il m’importe de rappeler que sans la présence de toute cette dynamique industrielle, rien n'aurait été possible en termes de moyens financiers à disposition de la collectivité, et plus encore pour l’agglomération rennaise et bien au-delà ([1]). Une telle économie productive nous a permis de disposer d’un potentiel de développement incomparable pour réaliser un espace de vie très qualitatif, empreint de solidarité et de services conséquents comparés à notre taille démographique ; qu’il s’agisse d'éducation, de culture, de sport, … qu’il s’agisse également de nos initiatives en direction de l'environnement, telles la préservation de la biodiversité et la transition écologique.

Concernant notre soutien à l’économie locale, notre engagement est historique et constant. Construire un modèle d’industries et de services vertueux est un devoir d’élu. Ce sont des politiques qui s'appuient sur les métiers et savoir-faire d'un territoire mobilisé, réactif et agile. C’est une implication qui se compte en nombre d’années. À cet égard, n’oublions pas le millier d’emplois créés en 20 ans sur le parc de la Conterie, dont Sopra-Stéria et Schneider Electric qui sont en pleine croissance.

Concernant nos ressources budgétaires, jusqu’au terme de 2020 nous avons pu tenir le cap avec une stabilité du potentiel fiscal de la commune en foncier bâti industriel ([2]). Mais hélas, depuis 2015 et à la faveur des lois de métropolisation « Valls », le pôle industriel de Chartres de Bretagne fait l’objet de débats et plus encore de controverses autour d’un pacte politique confus entre certaines composantes du Conseil municipal de Rennes et par extension métropolitain. L’opposition à l’implantation d’une fonderie Safran illustre cette absence de visées stratégiques en matière de développement économique territorial. Il en est de même pour les datas centers écartés sans arguments fondés. Fort heureusement, notre proximité avec les directeurs des établissements chartrains, groupe Safran compris, nous permet de porter plus d’espoirs que de doutes à propos de nos filières stratégiques et d’enjeu local comme international. D’autres nouvelles sont à venir.

Enfin, pour la commune de Chartres de Bretagne, la réalité immédiate est très simple : les neutralisations, déclassements (friches) et destructions d’espaces bâtis sur le parc industriel ont réduit de 600 000 € / an nos recettes fiscales depuis 2023. Nous avons déjà communiqué à ce sujet lors des présentations budgétaires.

Avec les constructions industrielles projetées, le retour à de meilleures ressources financières ne reviendra qu’à partir de 2028 - 2029 au plus tôt. Autant dire que les années prochaines seront encore difficiles.

Pour conclure, nous sommes confrontés à cet immense défi que représente l’implacable réalité d’une France désindustrialisée, tenaillée par sa dette publique. Serait-ce donc la fin d’un cycle que certains espéraient vertueux voici 30 ans avec cette grande illusion d’une France sans usines ? ([3]). Disposons-nous encore du génie technologique et industriel qui soit capable d'impulser une nouvelle dynamique d’innovation et de créativité lumineuse pour une planète durable et qui plus est, pour une humanité en paix ? Tenons le cap de l’optimisme.

Philippe Bonnin, Maire



[1] - Le bassin de recrutement des 12 à 14 000 emplois directs couvrait la totalité du département d’Ille et Vilaine et au-delà. En 2010, le reversement de l’écrêtement de la taxe professionnelle chartraine aux communes était de 230 M€.

[2] - Le dernier impôt des communes depuis 2021

[3] - La France sans ses usines. Patrick Artus et Marie-Paule Virard. Editions Fayard - 2011.

 

jeudi 22 mai 2025

Extension de Schneider-Electric.

Depuis l'implantation de l'usine sur le site de la Conterie en 2012, nous accompagnons ses dirigeants pour que soit assurée sa pérennité et maintenant le passage à une nouvelle étape de développement.

Leader mondial dans les process de conception et de fabrication d'équipements électriques de très haute technicité, SETBT Schneider-Electric est promis à un bel avenir en vue d'assurer le développement d’industries et services stratégiques. Citons les secteurs de la métallurgie, la navale, l’aéronautique ; les secteurs de l'énergie avec les centrales toutes énergies, les giga Factories ... et sans oublier les hôpitaux et les incontournables Data Centers.

Schneider-Electric, c'est bien sûr un enjeu de compétences et d'emplois, mais aussi de création de valeur ajoutée nette. Cette dernière est vitale pour nos territoires en pays de Rennes et de Bretagne.

Nous saurons poursuivre notre engagement d'élu et citoyen pour assurer la prospérité de toute la Région ; ceci face aux défis que représentent l'instabilité du Monde qui pèse inéluctablement sur notre économie.

Avec Schneider-Electric, Stellantis, la SNCF, SOPRA, Joncoux et maintenant Safran à Chartres de Bretagne, il nous faut poursuivre ardemment la reprise de notre dynamique industrielle locale et régionale.

Philippe Bonnin, Maire de Chartres de Bretagne

 

vendredi 4 avril 2025

Budget 2025

Trois questions à Philippe Bonnin, maire de Chartres de Bretagne

La ville perd d'importantes recettes fiscales. Quelles en sont les raisons ?

La commune de Chartres de Bretagne reste un cas parfaitement atypique, puisqu'elle tire 60% de ses recettes fiscales du foncier bâti économique. En 2023, la revalorisation moindre de ses bases (+1,1%) par rapport au foncier bâti résidentiel (+7,1%) a fragilisé notre collectivité. Ainsi, nos recettes fiscales ont été dépréciées de 407 000 €. Ce fut le 1er Choc budgétaire, alors que l’inflation faisait rage … La régression du potentiel économique chartrain est une véritable préoccupation pour nous et ce n’est pas la politique métropolitaine en matière d’industries, sujette à polémiques permanentes entre groupes politiques au conseil municipal rennais, qui nous aide à passer cette délicate période. L’affaire SAFRAN en est le parfait exemple ([1]). Pour ce budget 2025, nous perdons en recettes fiscales et dotations 122 000 € sur les 8,9 M€ de recettes en 2024. Cette spirale de régression fiscale et budgétaire est sans égal depuis plus de 6 décennies pour notre commune !. Fort heureusement, nous avons eu l’écoute des autorités préfectorales et des directions des finances publiques pour envisager l’avenir. Je les en remercie.

Pour autant, le budget communal 2025 parvient à sanctuariser certains secteurs...

Alors que la cacophonie et l'absence de ligne claire règnent au sein de l’actuelle coalition gouvernementale, que des régions et départements taillent à contrecœur dans leurs dépenses et déciment des pans entiers de leurs politiques publiques, nous cherchons à faire de la ville le dernier refuge de stabilité. Ne nous y trompons pas, c'est un réel « tour de force » budgétaire qui nous permet d’y parvenir, pour toutes les raisons que j'évoquais juste avant. C'est bien parce que pour nous l’éducation, la culture, le sport, les loisirs et l'éco-citoyenneté constituent le vrai ciment de notre « vivre ensemble ». Ainsi, nous-nous efforçons de préserver leurs dotations. Pour autant, l'échelon communal seul, et privé de toute autonomie financière, ne pourra supporter indéfiniment la charge que représentent toutes ces politiques auxquelles nous tenons.

Nous avons besoin d'une économie au service de tous, c'est-à-dire de notre société dans sa diversité, pour conduire des politiques sociales, environnementales et éducatives audacieuses. C’est notre grand défi pour assurer la cohésion sociale.

Dans ce domaine, l'éco-citoyenneté revêt une dimension toute particulière. Pourquoi ?

Les menaces directes qui pèsent sur notre environnement imposent de nous engager collectivement dans la transition écologique. À ce titre, la Maison Eco-citoyenne en cours de réalisation près de l'Escale verte va développer une dynamique d'économie circulaire sur notre territoire. Partager plutôt que posséder, réparer plutôt que jeter, collaborer plutôt que rivaliser … les ateliers qui préfigurent déjà la Maison Eco-citoyenne sont prometteurs et créent un véritable élan. J'invite toutes les personnes qui ne l'ont pas encore fait à participer à un « repair café », à s'essayer à la fabrication numérique au Lab et à suivre les avancées de l'objethèque. Ces ateliers portent les germes d'une gestion responsable de nos ressources.



[1] - Le 23 avril, le Maire a été reçu par les dirigeants de Safran Airfoils à Gennevilliers. L’objet était entre autres de rappeler que leur nouvelle implantation était bien à Chartres de Bretagne et non pas à Rennes. Les débats politiques sont d’une toute autre nature, comme d’ailleurs la fiscalité et les soutiens que la commune apporte à l’industrie depuis 65 ans sous les municipalités d’A. Chatel puis de Ph. Bonnin.

dimanche 9 mars 2025

Compétitivité de notre économie : Les défis du numérique.

À l’occasion du sommet mondial de Paris dédié à l'intelligence artificielle, les 10 et 11 février, il a été annoncé des investissements par dizaines de milliards d’euros pour disposer de très grandes capacités de stockage et gestion des données numériques. Il s’agit des data centers. Le traitement numérique nous concerne tous : des entreprises aux particuliers dans la vie quotidienne, tant personnelle que professionnelle. Un constat cependant : si les data centers sont devenus des infrastructures incontournables, paradoxalement ils restent encore décriés par ceux là mêmes qui en font très certainement le plus grand usage.

Les datas, ce sont des milliers d’emplois pour leur implantation / construction, la maintenance, la sécurité et le renouvellement des processeurs au gré des évolutions, performances et innovations. Certaines activités de recherche fondamentale et stratégique, comme de défense justifient des dispositifs de très haute sécurité. Ils mobilisent ainsi une gestion indépendante des données numériques. Mais en réalité, ce n’est là qu’une infime partie des besoins. La digitalisation des process techniques de production, comme celle des services, représentent une demande récurrente et croissante, en termes de gains d’efficacité et de productivité dans une économie concurrentielle mondialisée.

En outre, nul ne doit ignorer que les futurs datas seront au cœur de la révolution quantique. En effet, de par la complexité absolue de la maîtrise des technologies quantiques ou photoniques, ces ordinateurs seront intégrés au sein même des datas et non pas dans les entreprises, laboratoires ou institutions. À la veille d’une nouvelle révolution numérique, être à proximité de ces datas va s’avérer un atout économique majeur.

La carte des implantations qui nous assurent la gestion des données numériques reste vierge en ce qui concerne la Bretagne et l'agglomération rennaise … Pour autant, nul n'ignore leur importance, comme la qualité des laboratoires, entreprises et institutions qui se développent au cœur de l'économie digitale. Les enjeux de l'écosystème numérique rendaient notre candidature incontournable. Nous regrettons le silence des acteurs politiques et institutionnels économiques locaux. Pour autant, nous n'avons pas été sans être sollicités par des opérateurs internationaux, en vue d’accueillir de tels projets. Les propositions que nous avions formulées cochaient toutes les cases, même celle de l’incontournable valorisation thermique dans les réseaux de chaleur déjà en place. Certes, l’accueil des data centers entraîne une consommation foncière somme toute relative, et électrique substantielle. Mais en réalité, cette dernière reste très en deçà des usages dédiés à la mobilité ([1]).

Sommes-nous donc condamnés à rester sur le quai du progrès économique et par conséquent social, faute de discernement et de vision stratégique claire ? L’esprit qui présida au miracle économique breton des années 60 n’est manifestement plus d’actualité …

                                                               Philippe Bonnin, Maire de Chartres de Bretagne



[1] - En 2021, la consommation de carburant routier sur le territoire français a été de 45,8 milliards de litres. Suivant une répartition de 50 % en essence [10 KWH énergie / litre] et 50 % gasoil [8,9 KWH énergie / litre] (transports marchandises compris). Cette consommation énergétique représente donc 432,81 milliards de KWH, soit 432,81 Téra WH arrondi à 433 TWH énergie.

A titre de comparaison, nous présentons le tableau suivant :

Consommation électrique de la France                         445 TWH en 2023

Consommation de carburant routier en France              433 TWH en 2021

Consommation électrique ferroviaire en France                6 TWH  (SNCF seulement) [*]

Consommation électrique data centers en France    15 TWH  (25 % du numérique total) [*]

[*] Publications de 2024