Parler de dynamique économique lorsque les données statistiques s’avèrent pessimistes reste une gageure. Le recul du pouvoir d’achat et des investissements productifs, le déficit commercial, l’endettement et le chômage en hausse ; sans oublier la transition écologique incertaine … ce sont autant de données qui alimentent un climat social déprimé. La démultiplication des actes de désinformation / manipulations, ainsi que la radicalité des comportements amplifient cette perception d’impasse. Ce n’est plus seulement de sursaut qu’il nous faut parler, mais de la construction d’une approche plus cohérente et stratégique de l’économie au sens noble, pour établir de véritables projets durables et d’avenir.
Voici 15 ans, dans le contexte d’une autre crise, et sur l’interpellation de cadres dirigeants inquiets à propos du groupe automobile implanté à Chartres de Bretagne, nous nous sommes engagés dans une réflexion collective ([1]) avec pour objectif de « prendre en main » notre destin industriel. Courant mai 2012, sur la recommandation d’un alors discret conseiller économique ([2]), le tout nouveau gouvernement de l’époque avait renoncé à « l’État stratège » et par là même aux moyens préconisés qui antérieurement faisaient consensus. 15 ans plus tard, dans nos bassins d’emploi, la restauration de l’économie industrielle sur de nouvelles bases ne se décrètera pas si facilement. Elle va se structurer et s’organiser sur un temps long. En effet, il faut d’abord retrouver un consensus pour mobiliser toutes les compétences des acteurs de notre écosystème économique. En cela, Chartres de Bretagne est un exemple possible, entre autres avec Schneider-Electric, Stellantis, Suez, Joncoux, Safran ; les opérateurs du secteur ferroviaire, Sopra-Stéria et les services à l’industrie … C’est dans ce contexte d’enjeux que se dégagera notre horizon au-delà de 2030. Également, il conviendra de reprendre très vite une politique dynamique de l’habitat, en lien avec les emplois déjà créés et à venir sur la commune et ses voisines. Notre approche peut-être conforme à de futurs objectifs métropolitains.
En 2023, l’absence de discernement d’acteurs du territoire à propos de la digitalisation industrielle, portée par les technologies numériques a conduit la métropole rennaise à rejeter l’opportunité d’investissements. Dix milliards d’euros au bas mot sur trois communes dont Chartres de Bretagne. Tous les voyants étaient au vert : réseaux très haut débit vers l’Europe, production massive d’électricité décarbonée et disponible, opportunité de la valorisation thermique dans l’intérêt des rennais ; 1 000 emplois techniques et un écosystème d’excellence numérique acquis. Le train ne passera pas deux fois avec le même opérateur. Rien n’est potentiellement perdu …
Philippe Bonnin, Maire
[1] - Enrayer le déclin du site automobile France - Association des collectivités sites d’industrie automobile ; juin 2012
[2] - M. Emmanuel Macron