lundi 6 décembre 2021

Investir aujourd’hui pour anticiper les besoins de demain.

La crise sanitaire a fortement contraint les gouvernements des grandes zones économiques mondiales à réviser durablement les principes de la « bonne gestion » des comptes publics.

Jusqu’à la veille du confinement de mars 2020, l’objectif impérieux consistait à mettre un terme aux déficits chroniques des comptes de l’État et des collectivités. Il s’agissait de retrouver un taux d’épargne suffisant pour résorber la dette publique … Quoi de plus vertueux ! Toutefois, au gré des années, l’objectif s’est avéré inaccessible.

En réalité, cette démarche correspond à une conception de l’économie politique héritée des années 1970 ([1]). Sans nous égarer plus que nécessaire dans les débats entre les innombrables écoles de la pensée économique, précisons qu’il s’agit d’une approche dont la finalité consiste à laisser libre cours aux intérêts privés (par opposition aux intérêt publics), en protégeant l’épargne. C’est ainsi que l’un des moyens mis en application préconisait une politique monétaire qui préserve des cours élevés des principales devises de référence ou dominantes. Pour ce faire, la meilleure méthode consistait à lutter contre l’inflation, afin d’éviter la dépréciation de la monnaie. Dans le but de s’assurer d’une telle finalité, on réduit à l’extrême la reprise de dettes par les banques centrales, et conjointement il est procédé à la restriction du pouvoir d’achat des populations jusqu’à la limite des ruptures sociales ([2]). Plus concrètement, l’adoption de cette théorie monétariste dès les années qui ont suivi la crise financière de 2008 a produit un quasi naufrage de l’économie française et de toute l’Europe du Sud. Le résultat logique en fut cette longue récession qu’on avait alors comparée à la grande dépression de 1929.

Enfin, ce modèle économique qui consiste à réduire toujours plus les coûts au titre de la nécessaire compétitivité n’a eu d’autre conséquence que d’amplifier les délocalisations massives des investissements productifs vers les pays « champions » du moins disant fiscal, social et environnemental. Les conséquences pour notre principale industrie chartraine en sont hélas le parfait exemple.

Encore tétanisés par le résultat de ces politiques aussi excessives, que dogmatiques, les choix post COVID des gouvernants européens sont aujourd’hui radicalement différents. Le « quoi qu’il en coûte » du Président de la République est en ce sens un signe révélateur du grand retournement des dogmes. Le soutien renforcé aux entreprises, l’annulation ou le report des charges sociales et fiscales, l’aide aux investissements et la relance des projets d’aménagement du territoire sont autant de signes d’une véritable révolution des esprits et des concepts ... Ils sont dignes d’une économie de la reconstruction. De son côté, la Banque Centrale Européenne refinance d’ores et déjà les États de la Zone Euro par milliards, quitte à ce que l’excédent de liquidités monétaires induise un processus inflationniste.

Dans le contexte des politiques de soutien à l’investissement en cours, la qualité de notre situation financière communale est un atout supplémentaire pour engager différents projets. Qu’il s’agisse de réaliser la nouvelle structure d'accueil des jeunes enfants et bien sûr d’anticiper de futurs besoins pour la vie scolaire. Il en est de même pour la réalisation d'une nouvelle salle multisports dans l'écoquartier des portes de la Seiche, à proximité du parc des loisirs. Cette salle contribuera à mieux équilibrer l’offre sportive sur l’ensemble des quartiers de la commune.

Je vous souhaite de très bonnes fêtes de fin d’année en espérant que la crise sanitaire ne soit pas un obstacle à la réunion des familles et des amis.

 

Philippe Bonnin, Maire



([1]) - L’école de la pensée libérale monétariste de l’Université de Chicago a fortement inspiré ces politiques ; entre autres théorisées par Milton Friedman (1912-2006). En France, l’économiste  Jacques Rueff (1896-1978) en est également un penseur influent. C’est une pensée qui prend le contre pied des politiques keynésiennes.

([2]) - Cette pratique est connue sous le terme de « dévaluation interne »