Les controverses sur les choix politiques, économiques et plus largement de société n'ont pas fini de susciter des tensions entre les innombrables tenants d'intérêts opposés. Au centre de ces polémiques, le sens du collectif, les échanges collaboratifs et la solidarité ne semblent plus être des maîtres-mots. Les débats, voire les joutes entre parlementaires sont à cet égard une illustration conforme à l’état du corps social. Toutefois, à bien y regarder, la France n’est pas une exception. C’est un phénomène quasi général qui traverse nos démocraties. Les explications font l’objet d’articles et de livres publiés à un rythme tel que nous serions bien en peine de discerner les bonnes solutions.
L’échelon institutionnel de proximité que représentent nos communes serait-il victime de cet état d’esprit ? Du constat des élus, la réponse est positive. Aucun élu local pleinement engagé auprès de ses concitoyens pour assurer plus de solidarité, plus de cohésion entre tous, ne dira le contraire.
À cet égard, les politiques dites de décentralisation, ont-elles permises de conforter les communes dans leurs missions ? Pour une majorité de maires, la réponse est négative si nous nous en tenons aux sondages publiés par la presse dédiée aux collectivités. Tous les gouvernements qui se succèdent nous promettent un « acte majeur de décentralisation ». En réalité, le dernier (2014 et 2015) ne fut qu’une réforme de rationalisation financière d’inspiration dirigiste ([1]). Il a éloigné le citoyen des lieux de décisions en concentrant le pouvoir local autour des centralités urbaines denses et en instaurant un modèle d’intégration au détriment de la coopération au sens étymologique, comme historique. Sur le plan financier, c’est strictement l’inverse qui s’est produit. Nous avons vu émerger des administrations tentaculaires ([2]).
Le Président du Cercle de la réforme de l’Etat, Christian Babusiaux, vient de s’exprimer dans les termes suivants : « Un nouvel acte de décentralisation ne peut se limiter à une redistribution de compétences » (qui fait quoi) « ni d’ailleurs se centrer sur la recherche de la suppression d’un niveau, dont on sait la difficulté ».
Un tel acte « doit nécessairement comporter des questions comme celles des marges de manœuvre financières des collectivités, de la qualité du service rendu aux usagers ou de la responsabilité des acteurs publics devant les citoyens » ([3]). Tout plaide pour renforcer l’échelon communal et respecter le libre choix de coopération en concertation intelligente avec l’État, tutelle directe des maires.
Philippe Bonnin
[1] - Réformes Valls.
[2] - Cf les rapports de la Cour des Comptes
[3] - La Gazette des Communes, Départements et Régions - 21 Oct. 2025