samedi 12 juillet 2025

Safran Airfoils s'implante à Chartres de Bretagne

Pose de la 1ère pierre - 11 juillet 2025

L'histoire de l’industrie contemporaine présente à Chartres-de-Bretagne est intimement associée aux choix d'aménagement du territoire national, ainsi qu’à la planification économique, durant les premières décennies d’après guerre. Il s’agissait bien sûr des politiques de reconstruction d’une Europe exsangue.

En juillet 1958 il fut décidé du transfert des usines Citroën alors présentes à Paris - quai de Javel vers Chartres-de-Bretagne. Le périmètre foncier de l’entreprise occupait alors le tiers de notre modeste surface communale qui accueillait tout juste 1 000 habitants.

Dans le contexte de la modernisation / mécanisation de l’agriculture, du développement de l'agro-industrie, de la métallurgie dédiée à la fabrication de biens d'équipement, et la construction automobile très précisément chartraine, nous avons traversé un « âge d'or » reconnu comme tel et que d'aucuns ont aussi appelé le « miracle économique breton » ; lui-même au cœur d'une dynamique plus globale : les « 30 glorieuses ». Naturellement, ce sont des temps révolus depuis justement 3 décennies.

Ainsi notre industrie communale, particulièrement dépendante de marchés cycliques et de plus en plus concurrentiels a dû s'adapter, se moderniser, et plus encore durant ces récentes années : intégrer tous les standards des technologies numériques les plus avancées pour mieux assurer sa pérennité. Ces mutations se déroulent à l’heure actuelle sous l’évidente contrainte d’une mondialisation des marchés dont on connaît les crises récurrentes et l’inéluctable instabilité. Ainsi, nous avons connu des périodes antérieures à la limite des ruptures … Toutefois, en ces heures de satisfactions fort bien justifiées, Je n’aborderai pas les débats, si ce n’est les controverses au cours de toutes ces 15 dernières années à propos de la destinée industrielle de Chartres de Bretagne.

Bien plus qu'antérieurement, il est aujourd’hui acquis qu'il n'y a plus d'avenir économique durable sans une indispensable capacité à accompagner le changement. C’est un changement qui s’opère grâce à la diversification des activités industrielles et à l'évolution des compétences, parfois même à marche forcée au regard de l’urgence environnementale.

À cet égard, le groupe Safran représente à nos yeux une nouvelle et belle opportunité de développement, comme de diversification d'échelle industrielle majeure.

Mesdames, Messieurs les dirigeants du groupe que vous représentez, si le présent défi pour réussir cette implantation vous appartient, il l'est également pour nous en termes d'impératif d'adaptation à vos besoins en moyens et compétences technologiques. J’ai d’ailleurs pu en apprécier l’exigence qualitative et les savoir-faire requis lors de ma visite à Gennevilliers.

Il s'impose à tous que le résultat soit au rendez-vous. C'est un beau challenge. Je vous assure que nous serons à vos côtés pour qu’il soit réussi. Nous avons pu le vérifier, nous partageons la même culture industrielle. Alors, bienvenue dans ces lieux chargés d’histoire ouvrière ; un lieu d’ingénierie qui sait s’adapter, innover et autant que nécessaire se réinventer

 Philippe Bonnin, Maire de Chartres de Bretagne

mardi 1 juillet 2025

Nouveau tournant pour l’économie industrielle chartraine ?

Les habitants qui ont connu les belles heures des usines Citroën savent également ce que fut le choc de la crise survenue en 2008. Elle perdura jusqu’en 2020 … Notre mobilisation, dès la première heure n’a pas été sans obstacles totalement improbables de la part d’acteurs politiques locaux. Étaient-ils déjà devenus insensibles à la réalité d’une culture industrielle et ouvrière, certes récente, issue des grandes migrations agricoles des années 1960 ? À l’époque, nous parlions de « l’exode rural » !

Durant ces 65 dernières années, il m’importe de rappeler que sans la présence de toute cette dynamique industrielle, rien n'aurait été possible en termes de moyens financiers à disposition de la collectivité, et plus encore pour l’agglomération rennaise et bien au-delà ([1]). Une telle économie productive nous a permis de disposer d’un potentiel de développement incomparable pour réaliser un espace de vie très qualitatif, empreint de solidarité et de services conséquents comparés à notre taille démographique ; qu’il s’agisse d'éducation, de culture, de sport, … qu’il s’agisse également de nos initiatives en direction de l'environnement, telles la préservation de la biodiversité et la transition écologique.

Concernant notre soutien à l’économie locale, notre engagement est historique et constant. Construire un modèle d’industries et de services vertueux est un devoir d’élu. Ce sont des politiques qui s'appuient sur les métiers et savoir-faire d'un territoire mobilisé, réactif et agile. C’est une implication qui se compte en nombre d’années. À cet égard, n’oublions pas le millier d’emplois créés en 20 ans sur le parc de la Conterie, dont Sopra-Stéria et Schneider Electric qui sont en pleine croissance.

Concernant nos ressources budgétaires, jusqu’au terme de 2020 nous avons pu tenir le cap avec une stabilité du potentiel fiscal de la commune en foncier bâti industriel ([2]). Mais hélas, depuis 2015 et à la faveur des lois de métropolisation « Valls », le pôle industriel de Chartres de Bretagne fait l’objet de débats et plus encore de controverses autour d’un pacte politique confus entre certaines composantes du Conseil municipal de Rennes et par extension métropolitain. L’opposition à l’implantation d’une fonderie Safran illustre cette absence de visées stratégiques en matière de développement économique territorial. Il en est de même pour les datas centers écartés sans arguments fondés. Fort heureusement, notre proximité avec les directeurs des établissements chartrains, groupe Safran compris, nous permet de porter plus d’espoirs que de doutes à propos de nos filières stratégiques et d’enjeu local comme international. D’autres nouvelles sont à venir.

Enfin, pour la commune de Chartres de Bretagne, la réalité immédiate est très simple : les neutralisations, déclassements (friches) et destructions d’espaces bâtis sur le parc industriel ont réduit de 600 000 € / an nos recettes fiscales depuis 2023. Nous avons déjà communiqué à ce sujet lors des présentations budgétaires.

Avec les constructions industrielles projetées, le retour à de meilleures ressources financières ne reviendra qu’à partir de 2028 - 2029 au plus tôt. Autant dire que les années prochaines seront encore difficiles.

Pour conclure, nous sommes confrontés à cet immense défi que représente l’implacable réalité d’une France désindustrialisée, tenaillée par sa dette publique. Serait-ce donc la fin d’un cycle que certains espéraient vertueux voici 30 ans avec cette grande illusion d’une France sans usines ? ([3]). Disposons-nous encore du génie technologique et industriel qui soit capable d'impulser une nouvelle dynamique d’innovation et de créativité lumineuse pour une planète durable et qui plus est, pour une humanité en paix ? Tenons le cap de l’optimisme.

Philippe Bonnin, Maire



[1] - Le bassin de recrutement des 12 à 14 000 emplois directs couvrait la totalité du département d’Ille et Vilaine et au-delà. En 2010, le reversement de l’écrêtement de la taxe professionnelle chartraine aux communes était de 230 M€.

[2] - Le dernier impôt des communes depuis 2021

[3] - La France sans ses usines. Patrick Artus et Marie-Paule Virard. Editions Fayard - 2011.