mardi 1 juillet 2025

Nouveau tournant pour l’économie industrielle chartraine ?

Les habitants qui ont connu les belles heures des usines Citroën savent également ce que fut le choc de la crise survenue en 2008. Elle perdura jusqu’en 2020 … Notre mobilisation, dès la première heure n’a pas été sans obstacles totalement improbables de la part d’acteurs politiques locaux. Étaient-ils déjà devenus insensibles à la réalité d’une culture industrielle et ouvrière, certes récente, issue des grandes migrations agricoles des années 1960 ? À l’époque, nous parlions de « l’exode rural » !

Durant ces 65 dernières années, il m’importe de rappeler que sans la présence de toute cette dynamique industrielle, rien n'aurait été possible en termes de moyens financiers à disposition de la collectivité, et plus encore pour l’agglomération rennaise et bien au-delà ([1]). Une telle économie productive nous a permis de disposer d’un potentiel de développement incomparable pour réaliser un espace de vie très qualitatif, empreint de solidarité et de services conséquents comparés à notre taille démographique ; qu’il s’agisse d'éducation, de culture, de sport, … qu’il s’agisse également de nos initiatives en direction de l'environnement, telles la préservation de la biodiversité et la transition écologique.

Concernant notre soutien à l’économie locale, notre engagement est historique et constant. Construire un modèle d’industries et de services vertueux est un devoir d’élu. Ce sont des politiques qui s'appuient sur les métiers et savoir-faire d'un territoire mobilisé, réactif et agile. C’est une implication qui se compte en nombre d’années. À cet égard, n’oublions pas le millier d’emplois créés en 20 ans sur le parc de la Conterie, dont Sopra-Stéria et Schneider Electric qui sont en pleine croissance.

Concernant nos ressources budgétaires, jusqu’au terme de 2020 nous avons pu tenir le cap avec une stabilité du potentiel fiscal de la commune en foncier bâti industriel ([2]). Mais hélas, depuis 2015 et à la faveur des lois de métropolisation « Valls », le pôle industriel de Chartres de Bretagne fait l’objet de débats et plus encore de controverses autour d’un pacte politique confus entre certaines composantes du Conseil municipal de Rennes et par extension métropolitain. L’opposition à l’implantation d’une fonderie Safran illustre cette absence de visées stratégiques en matière de développement économique territorial. Il en est de même pour les datas centers écartés sans arguments fondés. Fort heureusement, notre proximité avec les directeurs des établissements chartrains, groupe Safran compris, nous permet de porter plus d’espoirs que de doutes à propos de nos filières stratégiques et d’enjeu local comme international. D’autres nouvelles sont à venir.

Enfin, pour la commune de Chartres de Bretagne, la réalité immédiate est très simple : les neutralisations, déclassements (friches) et destructions d’espaces bâtis sur le parc industriel ont réduit de 600 000 € / an nos recettes fiscales depuis 2023. Nous avons déjà communiqué à ce sujet lors des présentations budgétaires.

Avec les constructions industrielles projetées, le retour à de meilleures ressources financières ne reviendra qu’à partir de 2028 - 2029 au plus tôt. Autant dire que les années prochaines seront encore difficiles.

Pour conclure, nous sommes confrontés à cet immense défi que représente l’implacable réalité d’une France désindustrialisée, tenaillée par sa dette publique. Serait-ce donc la fin d’un cycle que certains espéraient vertueux voici 30 ans avec cette grande illusion d’une France sans usines ? ([3]). Disposons-nous encore du génie technologique et industriel qui soit capable d'impulser une nouvelle dynamique d’innovation et de créativité lumineuse pour une planète durable et qui plus est, pour une humanité en paix ? Tenons le cap de l’optimisme.

Philippe Bonnin, Maire



[1] - Le bassin de recrutement des 12 à 14 000 emplois directs couvrait la totalité du département d’Ille et Vilaine et au-delà. En 2010, le reversement de l’écrêtement de la taxe professionnelle chartraine aux communes était de 230 M€.

[2] - Le dernier impôt des communes depuis 2021

[3] - La France sans ses usines. Patrick Artus et Marie-Paule Virard. Editions Fayard - 2011.