Conseil Municipal de
Chartres de Bretagne, le 27 mai 2013
Le
24 mai dernier, nous avons participé à la 3ème réunion de
concertation « tripartite » à propos de l’avenir du site de la
Janais. Ces rencontres réunissent les représentants de PSA, les salariés, le
Préfet avec les services de l’Etat, les parlementaires et les collectivités.
Depuis
le dernier trimestre 2012, personne ne peut ignorer que la situation économique
de la France s’est encore fortement dégradée. Les possibilités de
« ré-industrialisation » en sont d’autant plus difficiles pour le
site de La Janais à Chartres de Bretagne.
Voici moins de 6 mois, il
était encore admis qu’on pouvait trouver des opportunités économiques porteuses
d’avenir ; entre autres, grâce à la prospection de dimension
internationale conduite par le groupe PSA lui-même, le cabinet BPI et l’Agence
Française pour les Investissements Internationaux (AFII). Sur ce sujet, je
tiens à saluer le travail de tous les acteurs engagés dans ce projet de
ré-industrialisation. J’insiste aussi pour préciser que cette mobilisation doit
être maintenue.
Malheureusement,
force est de constater qu’à ce stade, nous en sommes arrivés à l’étude de
projets locaux qui de fait, représentent bien peu d’emplois pérennes à terme.
De surcroit, leur financement dépend pour l’essentiel des ressources publiques
mobilisables et des fonds de revitalisation.
Ne pas remettre en cause la production
automobile sur le site de Chartres – La Janais
A mon sens et comme l’a
également formulé le Président du Conseil Général fin 2012, il importe que les « futurs projets
soient parfaitement compatibles avec la poursuite de la fabrication
d’automobiles » et plus globalement le développement des
technologies de la mobilité. Remettre en cause
la production automobile sur le site de La Janais au prétexte que demain des
activités nouvelles (au demeurant marginales) viennent perturber l’organisation
logistique de l’usine PSA, est tout simplement inadmissible.
Sur un autre plan,
précisons bien que chaque projet de ré-industrialisation doit respecter les
règlements d’urbanisme et les obligations législatives concernant la
préservation de l’environnement ; considérant notamment la présence de la
nappe phréatique tertiaire de Chartres de Bretagne. A cet égard, il est
opportun de rappeler qu’il existe des zones d’activités à proximité de
« La Janais », déjà bien aménagées pour recevoir sans délai
des projets et qui ne seraient pas en lien direct avec la construction
automobile.
En tout état de cause et à
l’issue de cette première phase de prospection particulièrement décevante, il
est maintenant nécessaire que les pouvoirs publics et les principaux
responsables de ce dossier prennent très clairement la mesure de la situation.
Dans ce contexte des plus angoissants pour les salariés de la filière et de
leur famille, n’oublions pas également les défis sociaux auxquels chacun va
devoir répondre…
En ce qui me concerne et
depuis un an, je n’ai eu de cesse de livrer mon analyse et mes propositions au
sujet de l’avenir de l’usine de Chartres, des sous-traitants de l’Ouest et bien
évidemment de l’industrie automobile française au nom de la solidarité des
territoires.
En ces heures plus que
difficiles, les constructeurs dont les usines sont en état de survie, doivent
enfin admettre que nos collectivités et l’Etat financent depuis des années la
pérennité de la filière ; qu’il s’agisse des instituts de transferts de
technologie, des pôles de compétitivité, des projets des associations
régionales de l’Industrie automobile et d’autres instances qui concourent
toutes à la formation ainsi qu’au développement des savoir-faire. A titre
d’exemple, personne n’a ménagé ses soutiens pour contribuer à la conception des
mobilités d’avenir et des véhicules du futur, tel que les constructeurs l’ont
eux-mêmes souhaité. Au sein même de l’environnement scientifique et technique
local, nous disposons de compétences en ingénierie qu’on ne retrouve nulle part
ailleurs et ce grâce aux financements territoriaux.
Il est très clair que de
tels réseaux sont encore mobilisables au-delà même de leur contribution
actuelle pour développer les compétences destinées à une industrie automobile
qui veut encore croire à son avenir. Ce sont là des atouts dont elle ne peut
que tirer avantage pour renforcer la compétitivité de ses moyens productifs.
N’oublions pas que cette
activité industrielle est devenue une source considérable d’innovations depuis
50 ans. Elles se sont diffusées au travers de tout le tissu des entreprises de
l’Ouest. Ce qui place nos territoires parmi les premières régions françaises en
termes de performance économique, de diversité des formations, et par voie de
conséquence de dynamisme technologique qui de plus bénéficie d’activités de
Recherche & Développement mutualisées.
Annoncer un nouveau modèle de
véhicule avant l’été
Face à cette réalité que
nous endurons tous, il est à croire que les décideurs des groupes automobiles
ne disposent plus des outils d’évaluation économique suffisants pour considérer
l’importance de tels potentiels de développement pour leur propre rebond en
France et ici-même. Comme toutes les collectivités, la commune de Chartres de
Bretagne est prête à soutenir ce travail dans l’intérêt de toute la filière
automobile. L’un de ses principaux leviers était jusqu’à ce jour de pratiquer
une fiscalité des plus basses parmi les communes des grandes agglomérations.
Il s’impose qu’en retour
des moyens humains et financiers que nous mettrons de nouveau à contribution,
l’industriel s’engage enfin et annonce de façon certaine, c'est-à-dire avec des
échéances contractuelles rendues publiques, les plans de relance de l’activité
automobile sur le site de Chartres de Bretagne. De tels engagements doivent
être annoncés avant l’été.
Il n’est plus acceptable de voir un groupe industriel qui élude tout
projet sérieux et directement lié à la filière automobile sur le site de la
Janais à Chartres de Bretagne.
Il n’est plus acceptable de se contenter de vagues déclarations
d’intentions, sans échéancier relatif au lancement effectif de la future C5
(projet industriel X8).
Cette exigence est d’autant
plus justifiée en ce qui concerne le groupe PSA qu’il bénéficie de
contributions publiques très conséquentes, tant nationalement que localement
pour pérenniser les emplois au travers des aides au chômage partiel. Faut-il
rappeler que dans ce pays, de nombreux établissements ne perdurent aujourd’hui
qu’au moyen d’apports de fonds publics… qui viennent directement de l’Etat ou
des fonds de l’assurance-chômage.
L’Etat a toute la légitimité pour
reconstruire une stratégie de filière
Devant cet état de fait
dont la gravité n’échappe à personne, je demande qu’au plus haut niveau de nos
institutions, l’Etat joue enfin son rôle de « stratège » pour toute
la filière automobile française, dans l’intérêt de tous les établissements
concernés par cette industrie qui emploie encore des centaines de milliers de
salariés en France : ouvriers, techniciens et ingénieurs de l’industrie
automobile… C’est une véritable politique de redressement industriel que nous
réclamons haut et fort, telle que formulée dans le Livre blanc de l’automobile,
rédigé en 2012 par l’ACSIA (Association des Collectivités Sites d’Industrie Automobile).
Il est impératif que l’Etat
mette enfin en place une stratégie de filière à moyen et long terme, digne de
ce nom. Très clairement, il en va de l’avenir de nos territoires pour lesquels
les alternatives économiques sont aujourd’hui bien minces. Cette politique de
filière doit entre autre s’inscrire dans le cadre des appels à projets du
« Plan automobile » défini courant juillet 2012 par le gouvernement
français. Il s’agit d’une partie des sujets stratégiques développés dans le
livre blanc de l’ACSIA ; ceci dès le premier semestre 2012.
Malheureusement, force est de constater que nous sommes encore très loin des
objectifs attendus, faute de gouvernance claire et surtout partenariale de la
filière.
Parmi les pistes à
explorer, alors que l’avenir de PSA reste extrêmement compliqué à discerner, il
serait utile de réfléchir à l’élaboration de nouveaux partenariats de
fabrication ; des coopérations en lien avec des constructeurs qui
recherchent une présence active en Europe. D’ailleurs, c’est déjà le cas dans
d’autres régions françaises et en Europe.
Alors que l’engagement (par
dizaines de millions d’euros…) de l’Etat et des collectivités pour « tenir à
bout de bras » l’usine de La Janais n’a jamais été aussi fort, l’heure
n’est plus à disserter sur les stratégies du passé. Aucune n’a donné
satisfaction jusqu’à cette date pour sortir PSA de la mauvaise passe qui est
certes la sienne… mais tout autant la nôtre.
Collectivement confrontés à
la situation intenable de l’usine de La Janais, la Municipalité de Chartres de Bretagne
reste mobilisée et saura prendre ses responsabilités avec toutes les communes
concernées par l’avenir de l’industrie automobile. Nous poursuivrons notre
engagement pour redonner une perspective à l’usine de Chartres et bien sûr en
coopération avec l’Etat, Rennes Métropole, le Département d’Ille et Vilaine et
la Région Bretagne.